Jésus est à la synagogue de Capharnaüm. Une grande foule le rejoint, elle avait été nourrie de pain. Mais le discours de Jésus la déçoit. Il leur annonce un pain du ciel. Cela n’intéresse pas les gens. Ses auditeurs deviennent plus rares. Les autorités religieuses s’en mêlent. Comment peut-il parler ainsi ? Donner à manger et à boire de son corps et de son sang, et prétendre que c’est ainsi que le Père céleste va dorénavant nourrir les siens, cela n’est pas concevable. Et eux aussi se détournent de Jésus.

Le cercle large de ses disciples commence à douter. Jésus leur dit qu’il parle par l’Esprit de Dieu, qu’il va retourner d’où il est venu. Et qu’il est lui-même la seule voie d’accès au Père qui est dans les cieux. Ces disciples trouvent que Jésus exagère. Et nombre d’entre eux le quittent.

Il reste les douze. Jésus les interroge : «Voulez-vous aussi partir ? » Pierre, au nom du groupe, répond: «Où irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.» Et pourtant, dans ce petit reste, même parmi ces douze, il y a un traître.

Ce récit décrit ce qu’est l’Église. Un petit reste, et même ce petit reste n’est pas un groupe de purs, il est divisé, il n’a rien d’héroïque. Pourtant, il continue à suivre Jésus.

Nous connaissons la suite. C’est à ce petit reste que Jésus, après sa mort infâme, va apparaître. Lui parler, le consoler, le remettre debout, en route. Et c’est ce petit reste qui va témoigner de l’amour de Dieu jusqu’aux extrémités de la terre. Et leur témoignage va être entendu.

Les statistiques montrent un effondrement de la pratique religieuse chrétienne en Occident.

Elles montrent une diminution continuelle du nombre des chrétiens en Orient.

À vue humaine, l’avenir même de la chrétienté européenne et orientale paraît compromis. Et pourtant, un petit reste continue à faire confiance, humblement et discrètement, à JésusChrist, tente de le suivre, essaie de vivre selon son modèle.

Ce reste offre des gestes d’amour sans rien attendre en retour. Il essaie de montrer que le pardon est la voie de la vie et de la réparation. Il tente de vivre en ne se laissant pas aveugler par les idoles. Il nomme le mal, aussi lorsqu’il sévit dans ses propres rangs.

Humblement, il sait combien son témoignage est imparfait, il sait aussi que c’est seulement autour de Jésus-Christ qu’il peut trouver le chemin, la vérité et la vie.

Par Thomas Wild, pasteur