Henry Mottu, à l’heure actuelle existe-t-il encore des théologiens politiques?
J’essaie de me rehausser et de sortir des contextes décevants dans lesquels nous sommes, pour nous stimuler à prendre la mesure théocentrique des problèmes. Il n’y a plus de personnalités capables d’avoir des paroles prophétiques comme Barth et Niebuhr en ont eu. La théologie devient bien pensante et c’est un peu le problème, alors qu’elle devrait rester critique du discours politique. La dernière théologie politique est celle de la théologie de la libération. Gustavo Gutiérrez est parti d’un problème particulier, celui des sans voix et de la pauvreté. Il a relu toute la Bible, réinterprété les prophètes de l’Ancien Testament, le sermon sur la montagne. Nous ne sommes plus capables de partir d’un problème précis pour l’universaliser et faire une relecture de la Bible. Les jeunes générations devront reprendre le flambeau, et je ne sais pas d’où elles partiront. […]