Elle était attendue depuis un moment. La nouvelle constitution apostolique de la curie romaine, le fonctionnement du gouvernement central de l’Église catholique, a été promulguée, samedi 19 mars, par le pape François. De fait, le souverain pontife y travaillait depuis son élection en 2013, rappelle Le Monde. Elle s’intitule Praedicate Evangelium et remplace la constitution Pastor Bonus, qui avait été publiée par Jean Paul II en 1988.

L’un des principes phares de cette nouvelle constitution : “mieux harmoniser l’exercice actuel du service de la curie avec le chemin d’évangélisation de l’Église”. Autre principe majeur : la “synodalité”, c’est-à-dire, en quelque sorte, la capacité à travailler collectivement, écrit Le Monde. Praedicate Evangelium repose également sur une volonté de “saine décentralisation” au profit des conférences épiscopales et de leurs unions régionales ou continentales. Objectif : laisser à la “compé­tence” des évêques la gestion concrète de sujets qu’ils “ connaissent bien”, mais seulement si ces décisions locales “ne touchent pas l’unité de la doctrine, la discipline ou la communion de l’Église”, rapporte Le Figaro. Globalement, cette réforme donne davantage de pouvoir au pape et moins à son administration.

C’est officiel, aussi : les fonctions de direction des dicastères sont désormais accessibles aux laïcs, hommes ou femmes. Mis à part le département de la communication, précise Le Monde, tous sont dirigés par des cardinaux ou des archevêques. Aucun par une femme.

“Puissante réforme”

Le quotidien La Croix note la création d’un nouveau dicastère pour le service de la charité. Le texte dit : “Le dicastère est compétent pour recevoir, rechercher et solliciter des dons gratuits destinés aux œuvres”.  Ce service de la charité est “une expression particulière de la miséricorde et, à partir de l’option pour les pauvres, les vulnérables et les exclus, il réalise des œuvres d’assistance et d’aide en leur faveur dans n’importe quelle partie du monde au nom du Pontife romain qui, en cas de besoin particulier ou d’autre nécessité, s’occupe personnellement de l’aide à apporter”.

En 2014, la Commission pontificale pour la protection des mineurs avait été instituée. Avec la nouvelle Constitution, elle voit son rôle renforcé. Et sera rattachée au dicastère pour la doctrine de la foi, note La Croix. Laquelle a pour mission d’instruire les dossiers de prêtres et de religieux accusés de violences sexuelles sur les mineurs ou les personnes vulnérables. Cette commission doit apporter “une réponse appropriée à de tels comportements de la part du clergé et des membres d’instituts de vie consacrée et de la vie apostolique, selon les normes canoniques et en tenant compte des exigences du droit civil”.

Un édito du journal catholique conclut : “Il serait imprudent de placer trop d’espoir dans des changements en apparence organisationnels. Cependant, cette puissante réforme, si elle est appliquée pleinement, est de nature à bouleverser l’Église non seulement dans son fonctionnement, mais aussi dans sa manière d’annoncer son message au monde.”