Quel est votre matériau de travail comme spécialiste de l’histoire et de la littérature des premiers chrétiens ?

Dans les sources qui permettent de reconstituer l’histoire, il y a, toutes les formes d’expression des premiers groupes de chrétiens. La représentation traditionnelle est qu’il y a d’abord le Nouveau Testament, c’est-à-dire ce groupe d’écrits qui ont été réunis dans ce recueil devenu canonique pour les chrétiens ; et que viennent ensuite d’autres textes, les écrits « patristiques ». Aujourd’hui, la plupart des chercheurs reconnaissent qu’il ne faut pas se limiter aux textes reconnus comme canoniques, voire les privilégier, mais qu’il faut travailler tous les premiers écrits chrétiens pour reconstituer l’histoire des premiers croyants en Jésus. Il y avait aussi d’autres évangiles, lettres, actes d’apôtres et apocalypses qui ont fini par être écartés du corpus canonique. En partie, cette littérature a disparu, mais ce qui nous est parvenu est extrêmement important pour comprendre la diversité et la richesse du premier christianisme.

Aujourd’hui, découvre-t-on encore des textes inconnus de cette époque ?

Oui, cela arrive. Dans l’antiquité, c’était assez facile de faire disparaître un texte. Ils étaient copiés à la main, il suffisait de détruire les exemplaires et d’en interdire la copie. Ainsi il y a des textes dont on connaît les titres, mais pas le contenu, car ils sont cités par d’autres auteurs. Malgré tout, on retrouve des fragments, voire des œuvres complètes. Par exemple, en Égypte, on retrouve des papyrus qui se conservent sous le sable. Toutes sortes d’écrits: lettres privées, documents, textes littéraires, par des non-chrétiens et des chrétiens. Mais aussi des textes théologiques chrétiens. D’autre part, dans des régions plus marginales par rapport aux centres « orthodoxes », on retrouve des textes nouveaux. Cela peut arriver dans les monastères du mont Athos, en Grèce, ou alors en Ethiopie, en Arménie… […]