On peut lire dans la première épître de Jean cette magnifique exclamation : « Voyez quel amour le Père nous a donné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu- et nous le sommes ! » (3,1) La condition d’enfants de Dieu est effectivement un don divin ; elle est une expression de la grâce. C’est pourquoi il est écrit à deux reprises dans la même épître que « Dieu est amour » (4, 8 et 16).

Dire que nous sommes « tous » enfants de Dieu, comme le déclare ce principe de notre mensuel, peut être mis en relation avec la pensée du grand mythe de la Genèse (Gn 1,27) affirmant que l’être humain a été créé à l’image de Dieu. Cette image est ou peut être fortement dégradée, mais elle n’est pas entièrement détruite, contrairement à ce qu’ont soutenu parfois certains théologiens. Cette marque divine en chacun de nous dit la dignité inconditionnelle de la personne humaine.

« Une active fraternité »

Reconnaître en Dieu un « Père » n’a de sens que si nous luttons pour donner, à travers « une active fraternité », une conséquence et une correspondance concrètes à la paternité divine, sinon nous ne croyons pas vraiment que Dieu est « Notre Père ». La verticalité d’un Dieu Père appelle ainsi l’horizontalité de la fraternité et c’est cet amour du prochain qui confère une existence à ce Dieu Père. Il dépend de nous que Dieu soit tel. Certains verront peut-être dans l’universalisme de la « fraternité » telle qu’elle s’affirme dans la devise de la France (liberté, égalité, « fraternité ») une résonance implicitement religieuse. Ont-ils tort ? Estimer et croire que nous sommes tous « sans distinction » enfants de Dieu ne va pas de soi et nous entraîne sur des chemins très difficiles. Jésus les a parcourus en donnant en exemple un […]