Si dans le catholicisme, ces protestations ont souvent abouti à la fondation d’ordres religieux à l’intérieur de l’Église, dans le protestantisme elles ont suscité de nouvelles dénominations. Cela s’explique par le fait que le protestantisme ne croyant pas à la sainteté visible de l’Église n’a pas le respect sacré des institutions. Carl Jung, le second père de la psychanalyse qui était fils de pasteur, a écrit à propos de cette capacité du protestantisme à multiplier les Églises : « Le protestantisme est – quand on le comprend bien – avant tout une religion pour adultes. L’Église catholique est une mère tandis que le protestantisme joue le rôle du père. Le protestantisme fait de l’enfant un homme adulte, et chaque adulte a son point de vue. C’est pourquoi l’éparpillement du protestantisme semble être précisément une garantie de sa vitalité. Je considère cet éparpillement comme le signe d’une vivacité qui n’a au fond rien d’inquiétant. »

Naissance de l’adventisme

Contre la mondanisation de l’Église, les mouvements de réveil ont souvent insisté sur le thème du retour du Christ qui allait renouveler un monde touché par le péché. Au début du XIXe siècle, de nombreux commentateurs de la Bible se sont focalisés sur le verset du livre de Daniel qui parle de la restauration du sanctuaire au bout de deux mille trois cents jours (Dn 8.14). Selon le principe qu’un jour représente une année, certains se sont risqués à annoncer le retour du Christ à une date précise.

Un prédicateur, William Miller, a prédit cette venue pour l’année 1843 puis 1844. Il  a rassemblé quelques adeptes et son mouvement a pris le nom de millérisme, puis d’adventisme, du latin adventus qui signifie arrivée ou avènement en référence au retour du Christ. Après l’échec de cette prophétie, William Miller a reconnu qu’il s’était trompé, mais il a gardé la foi dans la doctrine du retour du Christ tout en rejetant l’établissement d’une nouvelle date.

À la suite de William Miller, les fidèles adventistes se sont regroupés autour de quelques leaders, dont le pasteur James White. Le mouvement a été organisé par son épouse, Ellen White (1827-1915), autour de l’étude de la Bible, d’une organisation démocratique de l’Église pour réguler les dérives toujours possibles, et d’une attention à la santé (abstinence de l’alcool et du tabac, médecine préventive…)

Bien structurée théologiquement et dans son organisation, l’Église adventiste s’est développée aux États-Unis, puis en Europe et dans les autres continents grâce à son dynamisme missionnaire. En 1900, il y avait 42 missions adventistes dans le monde ; en 1930, ce nombre s’est élevé à 270. Cette internationalisation s’est accompagnée de la création d’œuvres sociales : écoles, hôpitaux, orphelinats, organisations humanitaires…

Les grands principes de l’adventisme

L’Église a pris le nom d’adventiste du septième jour, car elle est attachée au sabbat qui est le septième jour de la semaine, considéré dans la Bible comme un jour de repos et d’adoration.

Théologiquement, les adventistes partagent avec les autres protestants un attachement à l’autorité des Écritures et s’inscrivent dans la tendance évangélique en insistant sur la rencontre personnelle du fidèle avec le Christ, signifiée par un baptême de confessant par immersion.

L’Église adventiste est structurée sous l’autorité de la Conférence générale qui est le quartier général de l’Église mondiale dont le siège se trouve dans le Maryland aux États-Unis. Une session réunit les délégués de toutes les Églises du monde tous les cinq ans pour définir les grandes orientations et élire son président jusqu’à la prochaine session.

Les adventistes se distinguent par le respect du sabbat et plus généralement leur attention au Premier Testament. Ils considèrent que la loi n’a pas été abolie par la nouvelle alliance, même si elle doit être interprétée. Cela les conduit à avoir une sensibilité particulière sur les questions sociales et de santé.

Ils attendent le retour glorieux de Jésus, mais sans en fixer la date. Dans l’attente de cette venue, ils considèrent qu’ils ont la mission de poser les signes du Royaume qui vient.

L’adventisme aujourd’hui

Pendant longtemps l’Église adventiste était considérée comme une secte au sens sociologique du terme, c’est-à-dire une Église qui n’admettait en son sein que les convaincus et qui se distanciait plus ou moins radicalement de la société environnante. Ce caractère était accentué par la centralité des écrits d’Ellen White qui en étaient arrivés à avoir une autorité presque équivalente à celle de la Bible.

De nos jours, l’Église adventiste a évolué vers une ouverture sur les autres Églises. Le signe a été sa demande d’adhésion à la Fédération protestante de France en 2005. Au-delà de l’aspect institutionnel, une des règles de la Fédération protestante est l’accueil à la cène des membres des autres Églises, ce qui signifie que les adventistes reconnaissent que des personnes qui appartiennent à d’autres Églises appartiennent au corps du Christ. L’Église adventiste a ainsi trouvé sa place dans la riche diversité des Églises protestantes.

L’Église adventiste compte vingt millions d’adultes baptisés dans le monde, dont 11.000 en France métropolitaine. Comme toutes les Églises chrétiennes, il est en forte croissance en Afrique et en Asie. Elle est très présente dans les Antilles : en Guadeloupe et en Martinique, c’est la deuxième Église après les catholiques et ils sont 350.000 en Haïti. L’adventisme antillais est plus conservateur que le français du fait de sa proximité géographique avec les États-Unis.

Le rayonnement de l’adventisme est soutenu par le dynamisme de ses œuvres sociales, notamment de l’Adra (Agence adventiste d’aide et de développement) qui a de gros moyens du fait de la générosité des membres d’une Église qui prêche le partage de la dîme de ses revenus.