Cher Beat Kappeler,

Vous souvenez-vous de moi? Jeune pasteur à Lutry, je vous avais invité, il y a plus de vingt ans, dans un cycle de conférences sur le thème: «le monde change et la Suisse?» Les orateurs venaient à la fois du monde politique, économique et théologique. Cette série avait rencontré un franc succès.

Si je vous écris ces mots, c’est que récemment, vous vous en êtes pris très vivement, au pape François, ainsi qu’à des pasteurs et ecclésiastiques, dans une tribune du journal NZZ am Sonntag. Selon vous le Pape, les curés et les pasteurs n’ont pas à prendre position sur des questions économiques ou politiques, mais devraient se concentrer sur les réalités «célestes».

Je m’étonne de l’indigence de vos propos. Comment quelqu’un d’aussi intelligent que vous peut-il se méprendre si lourdement sur ce qu’est la foi chrétienne? Le credo chrétien estime que Dieu n’est plus à chercher dans le firmament et dans les astres, puisqu’un jour il a mis pied à terre dans la personne de Jésus-Christ. C’est ce que l’on appelle «l’incarnation». J’y tiens mordicus.

L’incarnation signifie que la personne de Jésus-Christ, ses gestes, ses paroles, sa manière de vivre ont force de révélation. Et contrairement à ce que vous semblez penser, […]

Jean-François Ramelet