« Il ne faut faire aucun angélisme. Par nature, toute religion a une dimension politique et le religieux gravite toujours autour du pouvoir» a reconnu Vincent Schmid, pasteur de la cathédrale Saint-Pierre à Genève lors de la troisième rencontre des cafés sagesses a l’Institut des cultures arabes et méditerranéennes ce mois de juin. Se penchant sur sa propre tradition pour réfléchir à cette double dimension, le pasteur a relaté deux interprétations très différentes du chapitre 13 de l’épître de Paul aux Romains. Dans ce passage biblique, la figure de l’apôtre Paul recommandait de se soumettre à une autorité par motif de conscience.

Cette lettre a été lue de deux façons tout à fait opposées. La manière la plus connue se résume dans la position théologique de Luther qui a vu deux règnes totalement distincts entre le gouvernement de Dieu et celui des hommes. « Une position qui est allée parfois jusqu’au cynisme » a relaté le pasteur, « lorsqu’elle a permis à Luther de se rallier à la cause des princes allemands au détriment de la justice ». Une deuxième lecture a vu dans le motif de conscience l’ouverture de la perspective de l’objection de conscience et du devoir de résistance envers l’injuste. « Si l’on examine le rôle des Églises luthériennes allemandes pendant le régime nazi on est bien forcé de constater qu’au nom de cette théorie des deux règne la majorité de ces églises se sont ralliée au régime » regrette le pasteur.

Charles Genoud, responsable du Centre de méditation bouddhiste Vimalakirti à Genève a relevé dans sa tradition des excès et des violences et a mentionné la nécessité d’avoir le courage de reconnaître les zones d’ombres avec un sujet d’actualité qui concerne la Birmanie, aux mains d’un moine totalement fanatique.