La Turquie et la continuité sous Erdogan
Contre toute attente, Recep Tayyip Erdogan a consolidé sa position de force, même dans les zones touchées par le séisme. Selon Pascal Boniface, fondateur et directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, la Turquie semble se diriger vers une continuité plutôt qu’une rupture. Les menaces sur les libertés et la laïcité turques sont de plus en plus évidentes, mais le patriotisme semble primer. Erdogan est perçu par les Turcs comme ayant renforcé le statut international de la Turquie, malgré une situation économique difficile et une inflation croissante. Les sondages, qui prédisaient une défaite d’Erdogan, se sont révélés incorrects, montrant une fois de plus la complexité de la politique turque.
Le président turc a réussi à maintenir une forte base de soutien même dans des conditions économiques adverses, en grande partie grâce à sa capacité à projeter une image de force et de stabilité sur la scène internationale. Erdogan a également bénéficié de la perception que la Turquie, sous sa direction, a pris une place plus importante et plus respectée dans le monde. Bien que les menaces sur les libertés et la laïcité persistent, les électeurs turcs semblent privilégier la fierté nationale et la stabilité économique promises par Erdogan.
L’Ukraine et les relations nternationales
Pascal Boniface aborde aussi la guerre en Ukraine et ses implications internationales. Il y a une perception spécifique de cette guerre par les pays occidentaux, qui ont des attentes élevées concernant une opposition plus apaisée avec la Turquie en cas de changement politique. La Chine, bien qu’elle ait offert un plan de paix, n’a pas une mainmise sur le conflit en Ukraine, mais joue un rôle de médiateur influent. Il analyse également le sommet du G7, où des pays comme l’Inde et le Brésil ont été invités, soulignant l’importance croissante de ces nations dans les discussions internationales.
Le G7, selon Boniface, est un forum crucial pour discuter des réponses collectives à la guerre en Ukraine. Cependant, il note que les positions des membres du G7 et celles des pays invités, comme l’Inde et le Brésil, peuvent diverger, surtout en ce qui concerne les approches financières et militaires pour soutenir l’Ukraine. La participation de ces pays au sommet reflète une tentative de contrebalancer l’influence croissante de la Chine dans la résolution des conflits internationaux.
Les États-Unis et la politique de Joe Biden
La discussion se tourne enfin vers la politique intérieure américaine, notamment l’annonce de la candidature de Joe Biden pour les élections de 2024. Selon Pascal Boniface, il exprime des doutes sur la capacité de Biden à utiliser la guerre en Ukraine pour renouveler son mandat, surtout face à une potentielle campagne de Trump axée sur le retrait du soutien à l’Ukraine. Joe Biden doit aussi faire face à des défis, notamment son âge avancé et le manque de popularité de sa vice-présidente, Kamala Harris.
Le président des États-Unis pourrait avoir des difficultés à capitaliser sur la situation en Ukraine pour sa campagne électorale, surtout si Donald Trump focalise son discours sur la nécessité de recentrer les ressources américaines sur des priorités nationales plutôt qu’internationales. Il ajoute que l’âge avancé de Joe Biden est un facteur de préoccupation pour de nombreux électeurs, tout comme la popularité mitigée de Kamala Harris, qui n’a pas réussi à répondre pleinement aux attentes placées en elle.
Enfin, Pascal Boniface mentionne que la réélection de Biden pourrait dépendre largement de la fin de la guerre en Ukraine avant le début de la campagne électorale. Une guerre prolongée pourrait affaiblir sa position, surtout si le coût de l’aide à l’Ukraine devient un point de discorde majeur parmi les électeurs américains.