Selon les témoignages recueillis par la journaliste Inès Gil, correspondante à Damas de l’hebdomadaire Réforme, la situation de la population chrétienne de Syrie est désastreuse. Cette minorité religieuse, présente en Syrie depuis 2 000 ans, est aujourd’hui menacée de disparition.
L’article d’Inès Gil met en lumière le grave déclin de la communauté chrétienne, principalement à Damas, à la suite de la chute du régime du président Bachar el-Assad. Les entretiens qu’elle a menés révèlent une chute spectaculaire des effectifs, certaines estimations faisant état d’une perte de 85 % de la population chrétienne depuis le déclenchement de la guerre civile en mars 2011. Les chrétiens, qui étaient environ 2 millions, sont aujourd’hui moins d’un million, et beaucoup d’entre eux ont fui vers l’Ouest.
L’impact de la guerre, associé à l’instabilité politique actuelle, a suscité des craintes croissantes quant à l’avenir du christianisme dans la région. Face aux tensions croissantes dues à l’influence des groupes rebelles islamistes, les chrétiens s’inquiètent de leur place dans l’avenir de la Syrie. Ils craignent qu’à mesure que leur nombre diminue, leur influence politique et sociale s’amenuise. Inès Gil s’est entretenu avec plusieurs responsables de communautés, dont Vincent Gelot, responsable des programmes de l’Œuvre d’Orient pour les réfugiés au Moyen-Orient, qui a évoqué la menace d’un effacement culturel et religieux complet.
Malgré les difficultés, il y a une lueur d’espoir. La majorité des chrétiens syriens ont accueilli favorablement la chute d’Assad, y voyant une opportunité de reconstruire leur pays. Cependant, l’incertitude de l’avenir plane. Beaucoup craignent que les nouveaux dirigeants, issus de factions islamistes, ne protègent pas leurs droits. Si certains ont exprimé un optimisme prudent quant à l’avenir du pays, la montée des éléments radicaux suscite une inquiétude croissante.
Sur le plan économique, la Syrie reste dans une situation désastreuse, l’inflation généralisée rendant la vie insupportable pour la plupart des Syriens, y compris les chrétiens. Nombreux sont ceux qui voient dans l’accent mis par le nouveau gouvernement sur le redressement économique une bouée de sauvetage potentielle, mais ils craignent que sans un soutien international significatif, les chrétiens continuent d’être marginalisés.
Le pasteur Salimian, décrit la situation avec un « optimisme prudent », soulignant la nécessité d’une inclusion politique et économique pour que les chrétiens aient un avenir en Syrie. Sans soutien international, ce pasteur syrien craint que de nombreux chrétiens ne partent dans les prochaines années, ce qui fait écho à une tendance plus large au Moyen-Orient, où les communautés chrétiennes, confrontées à la discrimination, cherchent de plus en plus souvent refuge à l’étranger.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants – Réforme
Remerciements : Inè Gil
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag