La notion de « vocation« semble aujourd’hui un peu désuète. Dans un monde instable, fluide, où les parcours professionnels se multiplient et se transforment, l’idée d’un appel unique et durable tout au long de la vie paraît appartenir à un autre temps. Et pourtant, rappelle Frédéric de Coninck, auteur de plusieurs réflexions pour Regard protestant, la vocation n’est pas morte. Elle a peut-être changé de forme, mais l’appel, lui, demeure.
À l’origine, le mot vocation vient du latin vocare : appeler. Un mot que l’on retrouve dans le « vocatif », ce cas grammatical qu’on utilisait pour interpeller quelqu’un. La vocation, c’est donc avant tout une voix qui nous appelle, une interpellation — qu’elle soit divine ou plus humaine. Et à y regarder de plus près, ce besoin de se sentir « appelé », choisi, reconnu, traverse toujours les expériences humaines. Même un simple changement d’emploi peut raviver cette sensation : un employeur qui nous appelle, c’est déjà une forme de reconnaissance, presque une vocation en germe.
Mais pour Frédéric de Coninck, la vocation n’est pas un ordre gravé dans le marbre. Elle évolue avec le temps, les rencontres, les expériences, les épreuves aussi. « Dieu ne nous prend pas pour des marionnettes », insiste-t-il. L’appel divin n’est pas une programmation automatique, c’est un accompagnement dans le devenir. Ce que Dieu veut, c’est d’abord nous rencontrer, non nous assigner une fonction fixe.
Il y a, bien sûr, une dimension religieuse à la vocation. Elle touche à ce que nous croyons être notre place dans le monde, notre contribution, notre service. Mais elle ne se limite pas aux métiers du soin ou à la vie spirituelle. Être commerçant, enseignant, ou parent peut aussi être une vocation. Ce qui compte, c’est l’intention, le sens qu’on y met.
Finalement, la vocation n’est pas un chemin tout tracé, mais une succession d’appels successifs, souvent flous, parfois contrariés. Dieu, dit Frédéric de Coninck, « nous libère plus qu’il ne nous dirige ». Il nous accompagne, nous relève, nous recentre quand nous nous égarons. Loin d’un destin figé, la vocation est donc une histoire en mouvement, un dialogue entre notre liberté fragile et une voix qui, discrètement, ne cesse d’appeler.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Frédéric de Coninck
Entretien mené par Jean-Luc Mouton
Technique : Quentin Sondag