Une bénédiction pour aujourd’hui

Elisabeth Parmentier, auteure de « Cet étrange désir d’être béni » publié aux éditions Labor et Fides, nous reçoit pour discuter de son ouvrage au festival des livres religieux aux Bernardins. Selon l’auteure, les contemporains ne veulent plus attendre pour ressentir les effets d’une bénédiction, ils la veulent immédiatement. Ce désir pressant et universel de bénédiction reflète un besoin de voir des effets positifs dans le quotidien, contrairement à la notion plus distante et floue du salut qui est souvent associé à l’au-delà.

Chaque chapitre de son livre commence par un récit vécu pour illustrer la matérialité et la corporalité de la bénédiction. Elle partage des anecdotes sur des événements où la bénédiction a joué un rôle clé, comme l’inauguration du tunnel du Saint-Gothard en Suisse, où une cérémonie de bénédiction interreligieuse a été organisée. Cela démontre une volonté de réenchantement du quotidien et de protection spirituelle même dans des contextes laïques.

La dimension corporelle de la bénédiction

L’importance de la bénédiction dans des situations concrètes et quotidiennes. Par exemple, lors d’une bénédiction réformée des cyclistes et de leurs bicyclettes, une ancienne bénédiction irlandaise a été adaptée pour cette occasion. Ce type d’événement montre que même les objets, traditionnellement non bénis par les protestants, peuvent recevoir une bénédiction en réponse à des demandes culturelles.

La bénédiction peut aussi servir de signe de protection et de valorisation du quotidien, sans pour autant tomber dans la superstition. Bien que parfois perçue comme une formalité ou un rite, elle peut avoir une signification profonde pour ceux qui la reçoivent, les aidant à se sentir accompagnés et protégés dans leur vie de tous les jours.

Le rôle du bénisseur et la transmission de la bénédiction

Dans son analyse, l’auteure évoque le rôle du « bénisseur ». Le premier bénisseur est Dieu, mais cette bénédiction divine est destinée à être transmise de personne à personne. Elle n’a de sens que si elle est partagée. Certaines salutations traditionnelles dans diverses cultures, comme « Salem alaikum » en arabe ou « Shalom » en hébreu, sont en fait des formes de bénédiction.

Pour les réformateurs protestants, la bénédiction ne doit pas être vue comme une supercherie mais comme une reconnaissance de la providence et de l’amour de Dieu dans le quotidien. Cependant certaines formes de bénédiction dans le monde charismatique et néo-pentecôtiste, qui sont parfois perçues comme des manifestations spectaculaires de puissance. Elisabeth Parmentier plaide pour une bénédiction plus humble et quotidienne, qui soutient la confiance en soi et en Dieu sans chercher l’extraordinaire.

La bénédiction comme confiance et espoir

En définitive, la bénédiction n’est pas une magie ou une protection invulnérable mais une prise de conscience de l’accompagnement divin dans le quotidien. Elisabeth Parmentier utilise l’image d’une bulle de savon, éphémère mais transfigurante, pour illustrer la nature délicate mais précieuse de la bénédiction. Son livre vise à transmettre cette confiance subtile à ses lecteurs, en espérant les aider à voir la bénédiction dans les aspects ordinaires de la vie.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Entretien mené par : David Gonzalez
Réalisation : Horizontal pictures
Intervenante : Elisabeth Parmentier