L’évangile du dimanche 16 juin

L’épître du dimanche 16 juin

2 Co 5.6-10 – Nous sommes en exil 

L’exil comme catégorie spirituelle

Le contexte – La deuxième épître aux Corinthiens

Dans la deuxième épître aux Corinthiens, Paul ne cache rien des épreuves qu’il a traversées. Sa situation personnelle comme celle de l’Église à laquelle il écrit est précaire, il se sent souvent trop petit pour porter une parole et une espérance trop grandes pour lui. 

Dans le texte que nous avons médité la semaine dernière, il dit que son homme extérieur dépérit et que sa vie ressemble à une tente terrestre bien fragile, il poursuit dans la même veine en utilisant l’image de l’exil. 

Que dit le texte ? – Nous sommes en exil

La vie terrestre du fidèle est comparée à un exil loin de la terre promise. Le mot est cité à trois reprises en quatre versets.

Pour entendre la force de cette comparaison, nous devons nous souvenir de ce que représente l’exil dans l’ensemble des Écritures. L’histoire biblique commence avec une promesse faite à Abraham et répétée aux patriarches de leur donner une terre et une descendance. La promesse trouve un premier accomplissement au temps du roi David lorsque les enfants d’Abraham sont devenus un peuple avec une terre et bientôt un temple. Mais dans les années qui ont suivi, le peuple va perdre les dons de la promesse et au moment de l’exil il est redevenu un petit groupe sans terre ni liberté.

L’exil a été un temps d’épreuve, mais aussi de reconfiguration spirituelle, comme le désert. Quand on a tout perdu, il reste encore l’espérance.  

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Le langage en parabole et nous

Lorsque la semence est enfouie dans la terre, elle commence par mourir, mais, sans qu’on sache comment, de cette mort une racine s’enfonce en terre est une jeune pousse fait craquer l’épiderme pour s’élever vers le jour. On ne voit rien mais la semence prépare ce qui va donner naissance à l’épi qui donnera à son tour des grains nouveaux. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas encore dans le temps de la moisson que cette dernière ne reste pas une promesse. 

Quand l’apôtre Paul dit que nous comparaîtrons devant le tribunal du Christ, il ne dit pas cela pour nous faire peur ni pour cultiver la crainte d’un jugement, mais pour nous inviter à rester fidèles même si les temps sont durs. La promesse d’un Évangile qui se déploie sans qu’on sache comment est un encouragement pour continuer le combat de la foi et de la fidélité au nom de l’espérance. 

Le texte du Premier Testament du dimanche 16 juin

Ez 17.22-24 – Promesse de relèvement 

Le contexte – Le livre d’Ézéchiel

Ézéchiel a fait partie du premier exil à Babylone, avant la chute de Jérusalem. Dans les passages qui précèdent notre⬥ texte, il avait comparé Jérusalem à Sodome pour annoncer la chute de la ville du fait de ses compromissions. 

Ensuite, il a développé l’allégorie d’une vigne et de deux aigles : La vigne est Israël qui n’est plus un cèdre majestueux mais qui est encore un arbre, et les deux aigles sont La Chaldée et l’Égypte. La vigne a été soignée par le premier aigle, mais elle s’est révoltée et a fait appel au deuxième, c’est pourquoi elle sera piétinée. Cette allégorie s’adresse aux habitants de Jérusalem pour leur dire de ne pas faire alliance avec l’Égypte et les prévenir que leur rébellion entraînera la chute de la ville et la destruction du temple.

Que dit le texte ? – Un nouvel arbre

Les exilés de Babylone entendent que la situation ne va pas s’arranger dans le court terme et que la population qui est restée à Jérusalem sera massacrée, mais le prophète ajoute que ce ne sera pas la fin de l’histoire et qu’un avenir leur est encore proposé.

Dans l’avenir, le Seigneur arrachera une pousse tendre du cèdre de Babylone et la plantera sur la montagne qui domine Jérusalem et elle deviendra un cèdre magnifique qui abritera les oiseaux du ciel.

Comme la plupart des livres prophétiques, celui d’Ézéchiel annonce un malheur parce que le peuple n’est pas resté sur les chemins de la justice et de la fidélité, mais le malheur sera suivi d’un relèvement. Même dans la pire des situations, il ne faut jamais totalement désespérer.  

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Le maître de l’histoire

La situation d’Israël est une belle illustration de la parabole de la graine qui pousse toute seule. Après la chute de Jérusalem, la situation était désespérée, un verset du livre d’Ézéchiel dit qu’un tiers des habitants mourra par la peste ou la famine, un tiers tombera par l’épée et un tiers sera disséminé à tout vent, poursuivi par l’épée (Ez 5.12). Les enfants d’Israël n’étaient alors qu’un petit groupe d’exilés dans la ville de Babylone. Pourtant l’histoire a montré que de ce petit reste, une nouvelle histoire a commencé. 

Souvent dans l’histoire, l’Église était tellement dépravée et corrompue, qu’elle n’avait plus grand-chose à voir avec l’Évangile. Et pourtant il y a toujours eu des hommes et des femmes pour relever le défi de la fidélité et pour poursuivre l’histoire. 

Si aujourd’hui nous sommes inquiets de la situation de l’Église, nous devons entendre que la semence de l’Évangile se déploie sans qu’on sache comment. 

Production : Fondation Bersier-Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Florence Taubmann