L’évangile du dimanche 22 septembre

19.09.2021 : Marc 9.30-37 – Deuxième annonce de la passion

Le contre-pied de la croix

Introduction

Ce récit se situe à la fin du ministère de Jésus en Galilée, au chapitre suivant, il commencera sa montée à Jérusalem où il sera crucifié. Il prépare progressivement ses disciples à cette échéance en multipliant les annonces de la passion. Dimanche dernier, nous avons médité la première annonce de la passion qui s’est soldée par le refus de Pierre. Ici, la réaction des disciples va montrer qu’ils n’ont toujours pas saisi toutes les conséquences de la théologie de la croix.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : La maison

Jésus interroge ses disciples lorsqu’il fut à la maison. Avec ses disciples il a eu un ministère itinérant, mais dans l’évangile de Marc, la maison est évoquée à plusieurs reprises comme point fixe. Il s’agit probablement de la maison de Pierre à Capharnaüm.

Jésus profite de cette pause pour faire le bilan de la journée avec ses disciples et les interroger sur leurs débats.

Titre : L’enfant

Il prit un enfant, dans le monde antique, l’enfant représentait ce qui est petit, sans importance, sans valeur. Le mot paidion est le diminutif de pais qui signifie aussi esclave. On peut presque traduire petit esclave.Jésus appelle à prêter attention à ce qui est petit.

Pistes d’actualisation

1er thème : Le contre-pied

Aux disciples qui se demandent qui est le plus grand, Jésus leur donne comme modèle le plus petit. Il pratique la technique du contre-pied qui est plus qu’un moyen de communication, mais qui est ici une affirmation théologique.

La théologie de la croix dit que c’est par sa faiblesse que Jésus est vainqueur et qu’il dévoile les dominations, c’est par son abaissement qu’il est glorifié. Il en fera un principe en disant que c’est le plus petit qui est le plus grand, le plus serviteur qui est le plus fidèle.

2e thème : Sens de l’enfant : les trois métamorphoses

Quand il nous demande d’accueillir Jésus comme un enfant, il ne nous propose par de régresser à l’état enfantin mais à accéder à l’esprit d’enfance.

Dans son livre Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche parlait du cheminement spirituel en disant : « Je vais vous énoncer trois métamorphoses de l’esprit : comment l’enfant devient chameau, comment le chameau devient lion et comment enfin le lion devient enfant. » Le chameau accumule les savoirs sur Dieu, le lion est le symbole du disciple combattant, mais Jésus ajoute : il vous faut encore devenir enfant. L’enfant est celui qui est dépendant, qui garde les mains ouvertes car il sait que tout vient de Dieu.

Les disciples se demandent qui est le plus grand, Jésus leur répond d’être le plus enfant.

3e thème : Prendre soin de l’enfant qui est en soi

Cet appel à accueillir la foi comme un enfant nous invite à la simplicité. Un maître hassidique s’appelait Rabbi Zoussia. Au soir de sa vie, on lui prête la réflexion suivante : « Quand je me présenterai devant le tribunal céleste, on me demandera si j’ai été juste, je dirai : Non. On voudra ensuite savoir si j’ai été charitable, je dirai : Non. Ai-je consacré ma vie à l’étude ? Non. À la prière peut-être ? Pas plus. Alors le juge suprême me dira en souriant : Tu dis la vérité. Grâce à cette seule vérité, tu auras ta part dans le monde à venir. » Seul un saint ou en enfant pourrait dire la même chose. Dans sa vie, Zoussia a été un maître, c’est-à-dire qu’il a été chameau, il est devenu lion ; et voilà qu’au soir de son existence, il a totalement retrouvé la simplicité de l’enfant. Il est devenu lui-même, il a cessé de s’inquiéter de son image pour être en totale vérité devient Dieu et devant les hommes.

Une illustration

Le fondateur du hassidisme moderne dans le judaïsme est le Baal Shem Tov. Il a fait une comparaison sur la question de savoir qui est le plus grand : « Nous ressemblons tous aux étoiles. D’ici, étant données les distances, certaines nous paraissent petites et d’autres grandes, mais au ciel la petite étoile est peut-être grande en vérité, et la grande, petite. Il en va de même des hommes, ceux qui ici-bas semblent insignifiants sont ceux qui là-haut diffusent la plus vive lumière. » En disant cela, je pense à des visages que j’ai croisés dans mon ministère qui sont pour moi des exemples de foi et de dévouement, mais qui restent tout petits aux yeux des hommes.

Le livre de Jacques du dimanche 22 septembre

22.09.2024 : Jc 3.16-4.3 – origine des conflits

Les conflits dans l’Église

Le contexte – l’épître de Jacques

L’épître de Jacques parcourt les différents domaines de la mise en pratique de la foi. Nous avons vu les semaines précédentes l’importance de vivre la foi et pas seulement la croire, du respect des petits, de l’importance des paroles dites… le texte de cette semaine parle de l’origine des conflits.

Parfois nous avons une vision déformée car idyllique de la première Église, mais pratiquement toutes les épîtres du Nouveau Testament parlent de l’unité, ce qui est le signe que les conflits ont été de tout temps dans les Églises, des premiers temps à nos jours. 

Le conflit est naturel dès qu’on vit ensemble, il est la marque qu’on est vivant : seuls les cimetières n’ont pas de conflits. La marque de l’Évangile n’est pas une Église sans conflit, mais de savoir comment on traite les conflits, c’est l’objet du passage que nous méditons.  

Que dit le texte ? – Origine des conflits

Jacques voit l’origine des conflits dans ce qu’il appelle les passions jalouses et les ambitions personnelles. Le problème de la jalousie est qu’elle est sans fin : il suffit qu’on possède ce qu’on désire pour vouloir plus. Un proverbe dit de la convoitise qu’elle est la carie des os (Pr 14.30), non seulement elle provoque les conflits, mais elle nous mine de l’intérieur.

À l’opposé des passions jalouses, notre passage parle de la sagesse qui est pacifique, conciliante, raisonnable et sans hypocrisie. Une façon de mesurer sa sagesse est le critère de pacification. Le sage apaise les conflits alors que le sot les alimente.

Comment obtenir cette sagesse ? Le premier chapitre de l’épître donne la solution : « Si l’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous généreusement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée » (Jc 1.5). Il faut avoir de l’humilité pour demander la sagesse.

Si on ne l’obtient pas, dit l’épître, c’est qu’on demande mal, c’est-à-dire qu’on demande non par humilité en étant prêt à changer de comportement, mais pour satisfaire ses propres désirs. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’exemple des disciples

En se demandant qui est le plus grand, les disciples sont typiquement dans une attitude qui ne peut que générer des conflits. En effet comme il n’y a qu’un seul plus grand, on ne peut atteindre ce niveau qu’en se hissant au-dessus des autres, et au besoin en les abaissant.

À la question de savoir qui est le plus grand, Jésus répond en donnant en exemple un enfant, comme s’il disait que la vraie question était de savoir qui était le plus petit. Il accompagne son geste d’une parole qui est la meilleure façon d’apaiser les conflits : Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous.

 

Le passage du livre de Jérémie du dimanche 22 septembre

22.09.2024 : Jr 11.18-20 – Le prophète menacé 

Face aux menaces des proches

Le contexte – Le prophète Jérémie

Jérémie est un prophète pour temps de crise qui va vivre sa parole jusque dans sa chair. C’est ainsi qu’il a été contraint par le Seigneur à ne pas se marier comme signe prophétique pour annoncer le grand malheur qui allait s’abattre sur Jérusalem.

Pour faire entendre son message, il a porté autour des reins une ceinture qu’il a fait pourrir dans l’eau de l’Euphrate pour signifier l’état du peuple, il a cassé une cruche publiquement pour annoncer la chute de Jérusalem et il s’est promené dans Jérusalem en portant un joug de fer pour représenter l’oppression des Chaldéens, enfin il a été emmené contre son gré en Égypte après la chute de Jérusalem. 

Dans ce passage, nous apprenons qu’il a aussi été rejeté par son village et sa famille. 

Que dit le texte ? – Complot contre le prophète

Vis-à-vis des siens Jérémie était confiant comme un mouton, mais le Seigneur lui a fait savoir que ses proches complotaient contre lui. Ils veulent le détruire pour l’empêcher de parler et que son nom disparaisse de la mémoire des vivants, ce qui représente dans la Bible le malheur ultime.

On retrouve le thème que Jésus a formalisé dans sa prédication à Nazareth : Nul n’est prophète dans son pays. Quand une parole dérange, il y a ceux qui se laissent déranger et ceux qui essayent de la museler. Ils ne savent pas encore que si on peut tuer un homme, on ne peut tuer une parole.

Face à cette situation, Jérémie sait qu’il ne sert à rien de se défendre contre ceux qui vous ont condamné par avance, alors il en appelle à la justice de Dieu : Que je voie ta vengeance contre eux, car c’est à toi que j’ai confié ma cause ! Il met en application par avance le principe que formalisera l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains : « Ne vous faites pas justice vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez place à la colère, car il est écrit : C’est moi qui fais justice ! C’est moi qui paierai de retour, dit le Seigneur » (Rm 12.19).

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’enfant comme modèle

L’évangile de cette semaine est la deuxième annonce de la passion dans l’évangile de Marc. Elle nous rappelle que les histoires ne se terminent pas toujours bien. Si Jésus a été crucifié, alors les témoins ne doivent pas s’étonner s’ils sont confrontés au martyr. 

Face à cette menace, il pourrait multiplier les protections pour se défendre, mais aux disciples qui s’interrogent la grandeur, Jésus propose un contre-pied en posant un enfant pour les appeler à regarder le monde à partir des petits. C’est l’attitude qu’a adoptée le prophète lorsqu’il a refusé de se défendre en faisant appel à la seule justice de Dieu. 

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Laurence Belling