L’évangile du dimanche 7 juillet
04.07.2021 : Marc 6.1-6 – La prédication de Jésus à Nazareth
L’incrédulité des habitants de Nazareth
Introduction
Nous sommes à un moment de l’évangile où Jésus vient de guérir un démoniaque en terre étrangère, une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans et la fille d’un chef religieux. À l’heure où son ministère se déploie et connaît un certain succès, il retourne dans la ville où il a grandi pour saluer les siens.
Les habitants de Nazareth sont dans un premier temps impressionnés par ses propos, mais très vite ils s’interrogent sur sa personne : ils le connaissent trop bien pour recevoir ses paroles avec des oreilles disponibles.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
Jésus en itinérance
Les premiers versets de notre séquence disent : Parti de là, il vient dans son pays. Ils soulignent que Jésus est en permanence en itinérance. Il ne rentre pas dans son pays pour s’y installer, mais il est de passage. Un verset de l’évangile de Luc évoque cette itinérance lorsque Jésus déclare : « Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où poser sa tête. » (Lc 9.58)
L’itinérance de Jésus s’oppose dans ce récit à l’immobilité des habitants de Nazareth qui sont enracinés dans leur terroir. Les racines nourrissent, mais les racines immobilisent, ce qui les empêche de voir en Jésus autre chose que l’enfant qui a grandi au milieu d’eux et l’artisan qui travaillait pour eux.
Les habitants de son pays s’opposent ici aux disciples qui, eux, marchent à la suite de Jésus.
L’enseignement dans la synagogue
Une belle coutume qu’on trouve dans la Bible consiste à donner la parole à un étranger de passage dans une ville. Une façon de dire : « Toi qui viens de loin, as-tu une parole pour nous, des fois que le Seigneur aurait un message à nous adresser par ton intermédiaire ? » Paul bénéficiera de cette hospitalité de la parole dans ses voyages et il en profitera pour annoncer l’Évangile dans les synagogues.
Jésus n’est pas un étranger dans son pays, mais les hommes sont curieux de l’écouter.
Pistes d’actualisation
1er thème : Nul n’est prophète dans son pays
Jésus a du mal à être reconnu par les habitants de son village, de même qu’il n’a pas été reconnu par ses frères et sœurs qui ont cherché à le ramener à la maison.
Parce qu’ils le connaissaient trop bien, parce qu’ils étaient du même sang que lui, ils ont été incapables d’entendre ses paroles. Dans les familles, il y a deux types de liens, les liens du sang qui unissent les proches parce qu’ils appartiennent à la même histoire, et les liens de la parole qui unissent des hommes et des femmes qui ont des histoires différentes. Jésus a déclaré que ses frères et sœurs sont ceux qui écoutent sa parole. Ici, ce sont plus les disciples que ceux avec qui il a grandi.
2e thème : Une occasion de chute
Non seulement les habitants de la ville de Jésus n’ont pas entendu ses paroles, mais il a été pour eux une occasion de chute, parce qu’ils ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas entendu l’Évangile.
Il est étonnant d’entendre que la parole de Jésus puisse être une cause de chute. Les habitants de Nazareth chutent parce qu’ils restent à la surface de ce qui est dit et qu’ils s’interrogent sur celui qui parle au lieu de se laisser interpeller par ce qui est dit.
La bonne façon de ne pas chuter est d’être toujours prêt à entendre une parole pour nous. Quand on entre dans une cérémonie religieuse, toujours se dire : « Aujourd’hui, le Seigneur a une parole pour moi : saurais-je l’entendre ? »
3e thème : Parole pour l’Église d’aujourd’hui
Pour éviter que ce texte ne soit pour nous aussi une cause de chute, nous devons nous interroger sur notre propre écoute. Dans ce récit, notre place est dans la synagogue de Nazareth. Trop souvent, nous sommes tellement installés dans notre foi que nous ne sommes plus prêts à entendre l’Évangile comme une parole nouvelle, une parole pour notre vie de ce jour.
Nous sommes appelés à ne pas être comme les habitants du pays de Jésus, à nous garder des ravages de l’habitude, à lutter contre la dégradation de l’étonnement, à toujours accueillir l’évangile comme une parole nouvelle, comme une parole qui est aujourd’hui la parole la plus importante prononcée sur notre histoire.
Une illustration : L’ambiguïté des miracles
Une des raisons de l’échec de la prédication de Jésus est le rapport aux miracles. Les auditeurs se demandent comment il peut faire des miracles, et le texte se conclut en disant que Jésus ne pouvait faire là aucun miracle, sinon qu’il guérit quelques malades.
Les guérisons de l’évangile ont été un frein dans son ministère, car elles ont conduit les hommes à se focaliser sur le surnaturel et à se détourner de la Parole. Dans l’évangile de Jean, beaucoup d’hommes ont mis leur foi en Jésus à cause des signes qu’il posait, mais le texte précise qu’il « ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous » (Jn 2.25). Jésus sait qu’une foi qui repose sur le miracle est une foi fragile.
Le livre des 2 Corinthiens du dimanche 7 juillet
2 Co 12.7-10 – La force de la faiblesse
Le contexte – La contestation du ministère de Paul
Nous avons vu les dimanches précédents que la deuxième lettre aux Corinthiens était l’épître la plus personnelle de Paul, dans laquelle il nous a fait partager les épreuves qu’il a rencontrées dans son ministère.
Paul a tout donné de sa vie pour le service de l’Évangile, mais voilà qu’à Corinthe son ministère est contesté par des chrétiens qui se présentent comme des super-apôtres qui trouvent qu’il manque d’éloquence et que sa parole est misérable : « Ses lettres, dit-on, sont sévères et fortes ; mais, lorsqu’il est présent en personne, il est faible, et sa parole est méprisable » (10.10). C’est face à ces accusations qu’il doit défendre son ministère.
Que dit le texte ? – L’écharde de Paul
Avec un brin de perfidie, Paul commence par dire que si ces soi-disant super-apôtres veulent faire avec lui un concours d’expériences spirituelles, il aurait quelques arguments à faire valoir. Il pourrait parler d’une extase qu’il a eue quatorze ans plus tôt et qui l’a amené au troisième ciel, mais il ajoute aussitôt qu’il serait fou d’argumenter de la sorte.
Au lieu d’entrer dans un concours d’expériences spirituelles, il prend ses adversaires à contre-pied en parlant d’une prière qui n’a pas été exaucée. Il est affecté d’une écharde – il n’en dit pas plus, les commentaires pensent qu’il peut s’agir d’une maladie chronique qui le gène dans son ministère – et à trois reprises il a demandé la guérison au Seigneur et… il n’a pas été exaucé, mais dans son non-exaucement, il a reçu une parole : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.
Ce n’est pas sur des signes spectaculaires que repose la foi de Paul, mais sur l’assurance d’un Christ qui, par sa grâce, est avec lui jusque dans ses faiblesses.
Il annonce un Christ qui ne s’adresse pas aux champions de la foi, mais à tous car tout le monde fait l’expérience de ses propres faiblesses.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Jésus à Nazareth
La prédication de Jésus à Nazareth était la plus courte et la plus simple de l’histoire du Christ, mais elle n’a pas été entendue parce que ses interlocuteurs ont plus fait attention à celui qui parlait qu’à ce qu’il disait.
Les habitants de Nazareth voulaient des miracles, mais ils n’ont eu que des paroles. Ils ont été incapables d’entendre un évangile qui ne repose pas sur des signes extraordinaires, mais si la présence d’un Dieu qui les rejoint dans leur réalité quotidienne la plus ordinaire.
Le texte du Premier Testament du dimanche 7 juillet
Ez 2.2-5 – Vocation du prophète
Le contexte – Qui était Ézéchiel ?
Le roi Nabuchodonosor a soumis une première fois le royaume de Judas et a mis sur le trône Sédécias qui était son vassal. À cette occasion, il a déporté à Babylone les familles riches de Jérusalem et les artisans. Parmi ces déportés se trouve Ézéchiel qui était fils de prêtre, donc prêtre lui-même, mais qui ne peut exercer son sacerdoce loin du temple. Il le fera non pas en tant que prêtre, mais que prophète.
Ézéchiel faisait partie de ce premier groupe et c’est de Babylone qu’il est appelé pour prophétiser sur la situation à Jérusalem. Dans le premier chapitre, il a une vision dans laquelle il voit une machine avec des roues, des ailes et des têtes d’animaux, c’est une représentation de la gloire du Seigneur qui va s’adresser à lui
Que dit le texte ? – La vocation d’Ézéchiel
Ézéchiel n’a pas la vision de la gloire de Dieu pour qu’il reste dans la contemplation de ce qu’il a vu, mais pour être envoyé. Le souffle le prévient que sa mission sera difficile puisqu’il est envoyé dans une maison rebelle (2.5) semblable à des scorpions (2.6).
Dans la Bible, les prophètes sont souvent mal reçus car leur parole est sans compromis et elle conteste la façon de vivre de ceux auprès de qui ils sont envoyés, mais ce n’est pas pour autant qu’ils doivent se taire. Le Seigneur n’a jamais promis à ses serviteurs une vie qui va de succès en succès.
Le rôle du prophète est de parler, même s’il n’est pas écouté. Ses auditeurs ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas été prévenus.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Jésus à Nazareth
Jésus a pris la parole dans la synagogue de Nazareth et comme ses propos dérangeaient les habitants de son village ont trouvé un moyen d’échapper à son interpellation en contestant celui qui parlait. Au lieu d’écouter, voire d’étudier, ce que Jésus disait, ils se sont demandé au nom de qui il parlait. Ils ont refusé de l’écouter au prétexte qu’ils le connaissaient trop bien, ils l’avaient vu grandir et connaissaient sa famille.
En disant que nul n’est prophète dans son pays, Jésus disait que ceux qui sont trop près ne sont pas les mieux placés pour porter une parole, c’est peut-être pour cela que le Seigneur a appelé un prophète à Babylone pour s’adresser aux habitants de Jérusalem.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Florence Taubmann, Antoine Nouis