03.12.2023 : 1 Co 1.3-9 – Adresse aux Corinthiens

L’action de grâce

Le contexte – Paul et les Corinthiens

Paul est le fondateur de l’Église de Corinthe. Le livre des Actes raconte que lors de son premier passage dans cette ville, il a eu une vision dans laquelle le Seigneur lui a dit : N’aie pas peur ! Parle, ne te tais pas… j’ai un peuple nombreux dans cette ville (Ac 18.9-10). Il est resté dix-huit mois à Corinthe et, quand il est parti, il a laissé derrière lui une communauté organisée. 

À l’image de la ville, l’Église est cosmopolite avec des Juifs et des Grecs, quelques riches et beaucoup de gens de condition modeste, des hommes libres et des esclaves. 

Cette diversité a très vite posé problème et l’Église de Corinthe s’est trouvée divisée par des clans et des partis. Ses responsables ont été dépassés par des questions théologiques et pratiques comme la liberté face aux viandes consacrées aux idoles, la place et la tenue des femmes dans l’Église, des questions de morale sexuelle, la gestion des dons dans les cérémonies… 

C’est dans ce contexte que Paul écrit son épître. Il invite ses interlocuteurs à sortir par le haut de ces conflits en leur rappelant leur immense dignité. Dès le premier chapitre, il donne le ton en rappelant aux Corinthiens : Vous êtes riches de tout… il ne vous manque aucun don de la grâce… vous êtes en Jésus-Christ (1 Co 1.5,7,30). Ensuite il les appellera à vivre ce qu’ils sont.

Que dit le texte ? – Rendre grâce en tout temps 

Paul aurait de bonnes raisons de tancer les Corinthiens. Une lecture de l’ensemble de l’épître montre une Église en proie à de sérieux problèmes. Au fil des chapitres, nous apprenons que :

  • Au chapitre 1, il y a des divisions dans l’Église : Chacun de vous dit : « Moi, j’appartiens à Paul ! » – « Et moi, à Apollos ! » – « Et moi, à Céphas ! » – « Et moi, au Christ ! » (1.12).
  • Au chapitre 5, des cas d’inconduites sexuelles : Partout on entend parler de l’inconduite sexuelle qui a cours parmi vous, une inconduite telle qu’on ne la rencontre même pas ailleurs dans les nations (5.1)
  • Au chapitre 6, des procès entre les membres de l’Église : Lorsque l’un de vous a un différend avec un autre, comment ose-t-il faire un procès devant les « injustes », et non pas devant les saints ? (6.1)
  • Au chapitre 11, des désordres dans le partage du Repas du Seigneur : Au moment de manger, chacun se hâte de prendre son propre dîner, de sorte que l’un a faim tandis que l’autre est ivre. (11.21)
  • Au chapitre 15, des problèmes de doctrine : Comment quelques-uns d’entre vous peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? (15.12)

On imagine Paul en pleine réflexion sur la façon de rectifier la situation : comment être à la fois ferme sans être trop autoritaire, comment rappeler les principes évangéliques tout en restant fraternel. Il retourne les arguments dans sa tête jusqu’à ce qu’il réalise qu’il a oublié l’essentiel. Il prend sa plume et écrit : Je rends toujours grâce à mon Dieu, à votre sujet, pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée en Jésus-Christ ; car en lui vous êtes devenus riches de tout, de toute parole et de toute connaissance. (1 Co 1.4-5)

Dans la suite de l’épître, il ne manquera pas de dire aux Corinthiens, parfois vertement, ce qu’il pense de leur comportement ; mais il ne le fait pas sans avoir commencé par rendre grâce. 

Un fondement de la psychologie dit : Quand vous avez une critique à faire à vos enfants – et il faut parfois les redresser – n’oubliez jamais, à d’autres moments, de dire aussi tout le bien que vous pensez d’eux. Les pédagogues disent qu’il faut faire cinq compliments pour une critique. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’attente et la reconnaissance

Le premier dimanche de l’avent nous invite à nous inscrire dans l’attente de la venue du Seigneur dans notre histoire et dans notre monde.

Nous sommes appelés à rester éveillés, à ne pas nous assoupir. Paul nous rappelle que le premier moyen de garder notre foi vivante et surtout de ne pas oublier de rendre grâce en toutes circonstances.

Nous sommes souvent focalisés sur ce qui ne va pas. N’oublions pas d’être reconnaissant pour le simple fait d’être vivant, d’avoir une Église, et d’être encore capable d’aimer et d’être aimé. 
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Ecriture et présentation : Antoine Nouis