21.08.2022 : Luc 13.22-30 – La porte étroite

Les pleurs et les grincements de dents

Introduction

Le texte de ce dimanche est dur car il parle de porte fermée, de pleurs et de grincements de dents, de certains qui seront les derniers. Comment le concilier avec les passages qui parlent d’un Dieu d’amour et d’un accueil inconditionnel ?

Avant d’entrer dans l’interprétation, une remarque sur le contexte. Le premier verset nous que Jésus est en marche. Il n’a pas réuni ses disciples pour leur dire : « voilà la vérité éternelle sur ceux qui sont sauvés et les perdus », il a répondu à une question qui lui était posée. On peut penser que le but de sa réponse était de bousculer la tranquille assurance de son interlocuteur.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Les autres et moi

L’interlocuteur de Jésus lui demande s’il y aura peu de sauvés. S’il interroge sur les autres, c’est qu’il pense que pour lui l’affaire est réglée, il fait partie des élus. Jésus le renvoie à sa responsabilité. C’est comme s’il lui disait : Ne t’occupe pas du salut des autres, mais de toi, es-tu passé par la porte étroite ?

L’évangile ne concerne pas les autres mais soi en premier. Luther disait souvent qu’on était seul à croire comme on est seul à mourir. La foi est d’abord une question de responsabilité individuelle.

Titre : Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite

Le verbe s’efforcer évoque le combat. On peut traduire luttez pour entrer. Le salut n’est pas une confiance passive. Si l’évangile parle tant de changement, c’est que la vie chrétienne n’est pas naturelle, c’est un combat pour que mes attitudes, mes paroles, mes pensées et mes actions soient habitées par la foi et l’espérance.

Pistes d’actualisation

1er thème : Passer par la porte étroite

Dans l’évangile de Jean, Jésus a déclaré : C’est moi qui suis la porte (Jn 10.7). Si nous rapprochons les deux passages, lorsque Jésus demande à son interlocuteur s’il est passé par la porte étroite, il lui demande s’il est passé par lui.

Si nous considérons que c’est Jésus la porte étroite, alors ça change tout dans notre lecture de ce texte. Passer par la porte, c’est accepter de déposer nos idées et nos compréhensions, pour entrer dans la dynamique de l’Évangile. Il y a une sorte d’acte premier, c’est d’accepter ou de refuser de se laisser changer par l’Évangile. Tout le reste dépend de cette décision première.

2e thème : Un jour la porte se fermera

Un autre passage dur de ce récit est le verset qui dit que lorsque la porte sera fermée et qu’on frappera, le maître répondra : Vous, je ne sais pas d’où vous êtes. Cette parole nous gratte, mais elle nous rappelle un point : parfois il est trop tard.

Un sage disait qu’on pouvait tirer une leçon de tous les événements de la vie. Un disciple lui a demandé quelle leçon on pouvait tirer d’un voyage en train. Le sage a répondu qu’on pouvait rater un voyage parce qu’on avait une minute de retard.

Parfois une parole d’accusation, ou une parole qu’on n’a pas dite à quelqu’un qui nous a quittés ne peuvent se rattraper. Alors il ne reste que le pardon de Dieu.

3e thème : Il en viendra de partout

Au début de passage, la question posée à Jésus était : N’y aura-t-il que peu de sauvés ? À la fin du passage Jésus déclare qu’on viendra de l’est et de l’ouest, du nord et du sud pour s’installer à table dans le royaume de Dieu. Il y aura beaucoup de sauvés, mais pas obligatoirement celui qui lui pose la question.

Kierkegaard a écrit : « Dire aux autres. « Vous êtes perdus pour l’éternité », voilà qui m’est impossible. Pour moi, une chose est sûre : tous les autres seront bienheureux, et c’est bien assez – pour moi seul l’affaire est aléatoire. » Le message qui traverse ce récit peut se résumer en une phrase : Ne t’occupe pas du salut des autres – c’est une affaire entre eux et Dieu – préoccupe-toi plutôt de la façon dont tu vis l’Évangile aujourd’hui.

Une illustration : le feu au paradis et l’extinction de l’enfer

Une femme de Dieu se promenait dans la rue avec un seau rempli d’eau dans une main et une torche dans l’autre. On lui demande pourquoi. Elle répond : « La torche, c’est pour mettre le feu au paradis, et l’eau, c’est pour éteindre les flammes de l’enfer, afin que Dieu soit aimé pour lui-même. Que les gens cessent de penser à l’éternité et qu’ils vivent l’Évangile aujourd’hui. »
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis