La majorité des articles annonçant votre élection titrent sur le fait que vous êtes une femme. Le fait d’avoir une femme à la tête de l’Église protestante unie de France (EPUdF) plutôt qu’un homme va-t-il changer quelque chose ?
Dans mon Église, ça ne change rien. C’est très naturel. Le fait que je sois une femme n’a pas été un facteur décisif pour la commission chargée du discernement. Mais pour d’autres à l’extérieur de cette Église, qui se posent la question de la place de la femme dans leur institution religieuse, ça peut faire réfléchir. L’omniprésence de cette mention dans les articles me concernant montre bien le décalage entre ce que l’on vit dans notre Église et le regard que porte la société sur les religions.
Les femmes restent toutefois sous-représentées dans les organes directeurs, même dans les milieux luthéro-réformés.
Très jeune, j’ai envisagé le pastorat, et je n’ai jamais rencontré la moindre opposition. Je me suis toujours sentie soutenue dans ce projet. C’est vrai que même au sein du protestantisme, il existe des courants pour lesquels le pastorat féminin ne va pas de soi, mais ce n’est pas du tout ce que j’ai vécu. Pour moi, pas une seule fois la question ne s’est posée. Il faut du temps pour que les femmes arrivent aux organes directeurs, mais ça vient.
Je fais peut-être partie d’une génération qui arrive après un combat pour la place des femmes, et avant le suivant. Pour les femmes de mon âge, quand nous sommes arrivées sur le marché du travail, tout semblait déjà gagné. Peut-être que la génération suivante prend conscience maintenant d’autres inégalités. […]