La Birmanie vit des heures sombres. La junte, au pouvoir depuis le coup d’État du 1er février 2021, a exécuté quatre prisonniers, rapporte 20 Minutes. Parmi eux, un ancien député pro-démocratie du parti d’Aung San Suu Kyi et un célèbre opposant, tous deux figures du combat pour la démocratie. Il s’agit de la première application de la peine de mort dans le pays depuis 1988. 

Le 25 juillet, le journal d’État Global New Light of Myanmar a indiqué que ces quatre personnes avaient été condamnées pour des “actes de terreur brutaux et inhumains”. En revanche, rien n’a été précisé sur quand ni comment ces exécutions avaient eu lieu. L’une des deux personnalités pendues : Phyo Zeya Thaw, qui avait 41 ans. Cet ancien député de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et pionnier du hip-hop en Birmanie avait été arrêté en novembre et condamné en janvier pour avoir enfreint la loi antiterroriste. En 2008, il était déjà passé par la case prison, soupçonné d’appartenir à une organisation illégale. Quant à l’autre figure pro-démocratie, il s’agit de Kyaw Min Yu, 53 ans, dit “Jimmy”. Lui était un écrivain et opposant de longue date aux forces militaires. Il était également connu pour son rôle dans le soulèvement étudiant de 1988 contre la junte d’alors. Arrêté en octobre 2021, il avait été condamné en janvier dernier. 

“Atrocités”

Les réactions internationales n’ont pas tardé. “Je suis consternée qu’en dépit des appels lancés dans le monde entier, les militaires aient procédé à ces exécutions sans aucun égard pour les droits humains. Cette mesure cruelle et régressive s’inscrit dans le prolongement de la campagne de répression que les militaires mènent actuellement contre leur propre peuple”, a dénoncé Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. “Ces exécutions pour des motifs politiques représentent une nouvelle étape vers le démantèlement complet de l’État de droit et une nouvelle violation flagrante des droits humains en Birmanie”, a déploré l’Union européenne. 

Même indignation du côté du Quai d’Orsay : “Alors qu’aucune exécution n’avait été recensée dans le pays depuis plus de trente ans, ces exécutions constituent une régression majeure et une nouvelle étape dans l’escalade des atrocités commises par la junte birmane depuis le coup d’État”, a estimé la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre. Depuis le coup d’État militaire en Birmanie, des dizaines d’opposants ont été condamnés à la peine capitale : jusqu’à présent, aucune exécution n’avait encore eu lieu.