Par Luc Bellière, président fondateur d’Ana Bell Group, PERSEE3C, et CI&EL – PTCE du Gâtinais montargois

Devant l’accélération des dérèglements, force est de constater que la transition écologique ne peut se limiter à des ajustements pratiques, mais nécessite une véritable conversion de nos êtres.

Conversion d’âme autant que nécessité de survie

Les défis environnementaux interpellent notre relation avec Dieu et sa création. Persister dans des modes de vie destructeurs met non seulement en danger notre habitat commun, mais aussi notre intégrité spirituelle. Ignorer nos responsabilités envers la Création risque de nous éloigner de Dieu. Ainsi, cette conversion devient une question d’âme autant que de survie, nous appelant à changer nos attitudes autant que nos comportements pour vivre en harmonie avec la Création et honorer notre lien sacré avec Dieu.

« Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent(1). » Ce dilemme moral fondamental entre servir l’argent et servir le bien commun est au cœur du débat sur la conversion écologique de l’économie. Sommes-nous prêts à sacrifier notre planète au nom du profit ? Sommes-nous prêts à tourner le dos à Dieu au nom de l’argent ?

« Insensé, cette nuit même on te redemande ta vie, et ce que tu as préparé, qui donc l’aura(2) ? » Cette réponse de Dieu à l’homme riche qui voulait toujours plus accumuler de biens résonne comme un avertissement saisissant.

Utopie ou nécessité de changement ?

Ces mots de Jésus révèlent l’absurdité de la course effrénée vers la richesse matérielle, qui a élevé l’argent au rang de divinité. Dans ce système économique où la finance règne en maître, les individus sacrifient souvent leur bien-être spirituel et moral pour satisfaire une quête insatiable de profits. Au lieu de chercher un bonheur éphémère dans la richesse matérielle, Jésus nous invite à une conversion libératrice en nous tournant vers des valeurs plus profondes et durables, qui enrichissent non seulement nos vies mais aussi celles des autres et remplissent de joie notre Père.

Utopie ou nécessité ? Cela dépend de nous, de nos choix et de nos actions. Le temps est venu de faire preuve de courage et de vision, de nous unir pour forger un avenir où l’homme et la nature coexistent en harmonie.

Sortir de l’idée de croissance infinie

Cette vision relève-t-elle d’une « construction imaginaire et rigoureuse d’une société, qui constitue, par rapport à celui qui la réalise, un idéal(3) » ? Non ! et nous connaissons déjà les solutions.

Sobriété, frugalité, décroissance, économie circulaire sont des variations sémantiques liées par la même idée qu’une société ne peut puiser indéfiniment dans des ressources finies et ne peut rejeter indéfiniment dans un espace fini. Les différentes mises en œuvre de ce concept sont toutes plus ou moins fondées sur le principe des 3R(4) :

  • réduire : refuser, réduire, repenser, reconcevoir, chasser les gaspillages, coopérer, partager ;
  • réutiliser: réemployer, reconditionner, réparer, réutiliser ;
  • recycler : recycler, composter, valoriser.

Une société sobre serait donc une communauté humaine dans laquelle chaque individu, chaque organisation fait le choix d’appliquer ce principe à chaque décision.

Ainsi l’enjeu du citoyen sobre est de sortir de la spirale d’hyperconsommation générée par la […]