Lundi 4 septembre, cinq femmes afghanes et un enfant de trois ans, ont atterri à l’aéroport de Roissy (Val d’Oise). Les femmes ont fui par leurs propres moyens vers le Pakistan, pays frontalier de l’Afghanistan, après que les talibans ont pris le pouvoir.
L’opération, orchestrée par Paris, était réclamée de longue date par des associations et activistes qui demandent au Gouvernement de mettre en place un corridor humanitaire dédié aux femmes.
Les cinq Afghanes arrivées ce lundi sont une ancienne présidente d’université, une chercheuse, une présentatrice de télévision, une professeure d’anglais et une coiffeuse. Toutes ont quitté leur pays pour le Pakistan parce qu’elles ne pouvaient plus exercer leur métier et se sentaient menacées, indique Libération.
Les femmes privées de leurs droits
Les talibans ont repris le pouvoir, vingt ans après leur chute, à l’été 2021. Ils ont privé les femmes de leurs droits les uns après les autres : elles ne peuvent plus sortir tête nue, n’ont plus accès à certains loisirs et ne peuvent plus aller à l’école après 12 ans ou accéder aux universités, ni aux salles de sport. Depuis quelques mois, elles ne peuvent plus non plus travailler pour des ONG.
Parmi les femmes les plus menacées, on compte les personnes seules, non mariées et celles qui sont bien placées dans la hiérarchie, ou en lien avec des Occidentaux. Les cinq femmes accueillies par la France seront conduites dans un centre de transit géré par l’ONG France terre d’asile en région parisienne, en attendant l’enregistrement de leur demande d’asile.
Ces personnes font parties des rares Afghanes à avoir été évacuées. Depuis août 2021, 16 000 personnes ont bénéficié d’un pont aérien mis en place par les pays occidentaux, et dédié aux personnes directement menacées par les terroristes. 12 000 Afghans ont déposé une demande d’asile en France, mais la plupart sont des hommes.
Demande de couloirs humanitaires
Franceinfo explique que la situation est plus compliquée pour les femmes, qui ont peu de possibilité de sortir et peu de ressources financières pour s’échapper du pays tenu par le régime taliban.
Ni le Quai d’Orsay ni l’Élysée n’ont souhaité s’engager pour l’instant concernant de futures évacuations plus importantes pour les Afghanes. L’arrivée de ces cinq femmes n’est « pas le fruit d’une décision politique », et a été « obtenue de haute lutte » par des militants qui ont remué ciel et terre pour obtenir des visas, selon Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d’asile, interrogée par Libération.
L’ex-ministre socialiste Najat Vallaud Belkacem, désormais présidente de l’ONG France terre d’asile, a demandé au Gouvernement sur les réseaux sociaux de « sortir du compte-gouttes pour mettre en place un véritable sas humanitaire à l’attention de ces Afghanes ».
En 2017, la Fédération de l’Entraide protestante (FEP) et la Fédération protestante de France (FPF) ont lancé, en partenariat avec la communauté catholique de Sant’Egidio et le Secours catholique, un projet de « couloirs humanitaires » . Il vise à faciliter l’accueil des personnes vulnérables qui se trouvent dans des camps au Liban. Les personnes bénéficient d’un accompagnement dans leur démarche de visa et sont accueillies par le réseau de la FEP une fois en France.