« Quand ton frère a faim et que tu lui fermes ton cœur, que vaut ta piété ? » Ces mots, rappelant l’exigence d’Ésaïe ou de Matthieu, résonnent aujourd’hui avec une acuité douloureuse. Le 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère, n’est pas seulement un rendez-vous symbolique. C’est un appel à regarder en face les fractures de notre monde.

Dans nos villes et nos campagnes, la pauvreté ne se cache pas derrière des statistiques abstraites. La misère n’est pas un concept. Elle a un visage, un nom, un corps. Elle se lit dans les files d’attente des associations, dans l’angoisse des familles confrontées à la hausse du coût de l’énergie ou des denrées essentielles. Pendant ce temps, les décisions économiques, politiques ou financières semblent parfois écrites dans un langage qui ignore l’urgence humaine. Les écarts se creusent, et l’injustice sociale devient routine.

Refuser la misère, ce n’est pas seulement distribuer de la nourriture ou offrir un toit. C’est reconnaître l’humanité de ceux que la société marginalise, reconnaître la dignité de ceux qui luttent pour survivre, interroger nos modèles, nos choix collectifs et notre passivité. C’est prendre le risque d’un engagement concret, même modeste, dans la durée. La foi, comme les prophètes l’enseignent, exige un passage à l’acte. Ne pas détourner le regard, briser la logique de l’injustice, incarner la solidarité.

Aujourd’hui, refuser la misère, c’est réveiller nos consciences et nos institutions, rappeler que la richesse d’une société se mesure à la dignité de ses plus fragiles. Chaque geste, chaque voix, chaque initiative collective est une lumière dans l’obscurité, un signal que l’espérance n’est pas seulement un mot, mais un choix à vivre ici et maintenant.

Jean-Luc Gadreau, pasteur et responsable éditorial à la radiopour « L’œil de Réforme »

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