Le 1er décembre 2024 devait être une date historique pour l’avenir de la planète. Après deux ans de préparation, suivis d’un sommet international d’une semaine à Busan, en Corée du Sud, les 175 nations représentées au Comité intergouvernemental de négociations pour un traité contre la pollution plastique (INC-5), avaient entre leurs mains la tâche de signer le premier accord international de lutte contre la pollution plastique. Malheureusement, l’histoire retiendra du 1er décembre 2024, une journée banale, à l’issue de laquelle un petit groupe d’États pétroliers a choisi de repousser les négociations à une date ultérieure.

En réaction, le chef de la délégation du Panama, Juan Carlos Monterrey Gomez, a exprimé son incompréhension et sa colère. Il parle “d’une trahison mondiale” lorsqu’il évoque l’échec des négociations autour du futur traité, avant d’ajouter : « L’histoire ne nous pardonnera pas si nous ne parvenons pas à un accord », rapporte Le Monde. Des mots durs mais assurément justes. Au-delà d’un échec, il faut regarder du côté de ceux qui ont empêché la réussite d’un accord.

Le “non” des pays pétroliers

Cette semaine à Busan a vu s’opposer deux visions du monde bien différentes. D’un côté, la Coalition des hautes ambitions emmenée par Juan Carlos Monterrey Gomez et à laquelle adhèrent une soixantaine de membres tels que la France, l’Union européenne, le Royaume-Uni, l’Australie, la Colombie, le Panama ou encore le Japon. De l’autre, on retrouve les pays producteurs de pétrole et transformateurs de plastique parmi lesquels l’Arabie Saoudite, la Russie, l’Iran, le Venezuela.

Dans le premier camp, l’objectif de ce sommet est de faire inscrire dans l’accord final la diminution de la production mondiale de plastique. Mais pour les États pétroliers, l’accord n’est envisageable que sur la gestion des déchets et le recyclage, sans prendre en compte la production de matière vierge. Pourtant, la proposition initiale inclut l’ensemble du « cycle de vie » du plastique, explique Delphine Lévi-Alvarès, observatrice pour l’ONG CIEL à Vert. Le « but est d’en finir avec la pollution plastique en prenant en compte tout le cycle de vie, dont l’extraction charbonnière et gazière, et pas seulement les déchets en fin de course ».

Un accord final espéré en 2025

« Nous sommes inquiets de l’obstruction continue » de certains pays producteurs de pétrole, a déclaré en conférence de presse la ministre française de l’Énergie, Olga Givernet, rapporte france info qui cite l’AFP. La pression des États pétroliers a donc condamné l’issue du sommet, pour le moment. D’après Le Monde, les discussions devraient se poursuivre en 2025, selon un calendrier qui reste à déterminer. D’ici là, la Coalition des hautes ambitions doit ardemment préparer sa revanche, pendant que le camp du « non » profite de sa victoire en défaveur de l’environnement.

D’un ton plus sobre, le président de l’INC-5, l’Équatorien Luis Vayas Valdivieso, explique que le temps imparti jusqu’à la prochaine réunion des 175, « sera nécessaire pour résoudre » les désaccords. Pour rappel, la pollution plastique est de l’ordre de 460 millions de tonnes (en 2019), selon un calcul de l’OCDE. Les projections estiment que ce chiffre pourrait tripler d’ici à 2060 et approcher 1 200 000 000 de tonnes.