Portant une bague sertie d’une pierre rouge à la main droite, vêtu d’un keffieh yéménite et muni d’un traditionnel poignard recourbé, une jambiya, Abdul-Malik al-Houthi, le chef du groupe rebelle yéménite, regarde la caméra tout en prononçant ces mots : “Nous n’hésiterons pas à répondre à l’agression américaine.” Cette menace contre les États-Unis survient au sein d’un contexte tendu.

Depuis l’automne, les combattants houthis attaquent les navires marchands en mer Rouge, en réponse à l’intervention israélienne dans la bande de Gaza. En perturbant le commerce international, les houthis font face aux répressions américaines et britanniques, soutenus par une coalition composée de plusieurs pays. Ainsi, ce conflit met en avant le mouvement houthi, et avec lui, la figure centrale Abdul-Malik al-Houthi. Mais qui est réellement cet homme, qui s’exprime uniquement dans des vidéos enregistrées et retransmises dans l’espace public.

Comme l’explique franceinfo, qui interroge Thomas Juneau, chercheur à l’université d’Ottawa (Canada), Abdul-Malik, qui est qualifié de “leader de la révolution” par l’agence de presse yéménite Saba affiliée aux houthis, possède une autorité religieuse, politique et militaire, “un peu comme la figure du guide suprême en Iran”. Mais s’il apparaît pour faire des déclarations importantes, “il n’est pas visible lors des réunions gouvernementales”, comme l’explique Franck Mermier, anthropologue et directeur de recherche au CNRS.

Des méthodes inspirées du Hezbollah

Le dirigeant s’inspire énormément des méthodes du Hezbollah, dans les intonations et les gestes, mais aussi dans les manières de communiquer sur les attaques. Franceinfo précise que toutes les apparitions du leader suivent un certain code, afin d’affirmer son rôle religieux et politique. À gauche, un verset du Coran est affiché tandis qu’à droite, le slogan du groupe est placardé en lettres vert et rouge : “Allah est le plus grand, mort à l’Amérique, mort à Israël, malédiction sur les juifs, victoire pour l’Islam.”

Comme l’explique Le Parisien, les houthis détiennent le nord-ouest du Yémen, porté par une rhétorique antisémite et antiaméricaine. À la mort de son frère Hussein, Abdul-Malik al-Houthi reprend le flambeau en 2005, en continuant sa doctrine politico-religieuse d’inspiration nationaliste tout en ajoutant plusieurs thématiques, comme la lutte contre la corruption et la pauvreté. Il va tout d’abord chasser les salafistes sunnites de la région de Saada, dans le nord-ouest du Yémen, avant d’alimenter les manifestations antigouvernementales afin de provoquer le président Ali Abdallah Saleh de la capitale.

Depuis 2014, les houthis contrôlent Sanaa et le nord-ouest du Yémen. Selon Franck Mermier, ces derniers, qui sont en position de force, prétendent “représenter la vraie version du Yémen, à la fois au niveau religieux et des mœurs”. Si ces dernières années, Abdul-Malik al-Houthi a été annoncé mort à plusieurs reprises, son influence et celle du mouvement houthi ont été renforcées depuis les opérations en mer Rouge, soutenues par beaucoup de Yéménites, croyant en la défense de la cause palestinienne.