Même si le nombre d’élèves y reste marginal, de plus en plus de structures voient le jour. Une réponse au système de l’Éducation nationale souvent jugé défectueux ou en marge des attentes des parents.

En Alsace, la majeure partie des structures créées hors contrat ces dernières années sont des écoles maternelles et primaires. En cinq ans, elles ont plus que doublé, passant de 21 à 45. Mais elles représentent moins de 1% de l’ensemble des enfants scolarisés sur l’Académie. La nature de ces écoles a également changé. Elles sont confessionnelles (évangéliques non membres de la Fédération protestante de France, musulmanes proches des Frères musulmans) et parfois politisées (écoles turques). D’autre part, les écoles basées sur les pédagogies alternatives (SteinerWaldorf, les écoles démocratiques, etc.) sont très prisées, surtout les écoles Montessori. Ces établissements indépendants sont toutefois encadrés par des textes législatifs et leur ouverture est soumise à une autorisation de la Préfecture pour le premier degré et du Rectorat pour le second degré .

Des choix divers et assumés

Carole Belletti a mis ses deux filles dans l’école de quartier en maternelle mais lorsque l’aînée est entrée en CP il y a deux ans, elle a choisi l’école privée catholique sous contrat Saint-Étienne à Strasbourg. «Ce choix s’est fait avec l’objectif d’une scolarité longue et la suite du parcours au collège qui a une bonne réputation. Je retrouve dans cette école un caractère familial et les enfants sont au centre de l’attention. Ils sont encouragés à être autonomes et à tirer les autres vers le haut.» Cette maman, pour qui les frais d’écolage représentent environ 10% de ses revenus, trouve aussi dans les activités sportives et culturelles entre midi et deux un «plus » pour sa fille. Et l’aspect confessionnel n’est pas négligeable dans son choix. «Cela permet à ma fille d’accéder aux fondamentaux de la culture judéo-chrétienne dans laquelle nous vivons.»

La majeure partie des écoles privées est d’ailleurs catholique et sous contrat. À contrario, le nombre d’écoles protestantes est mineur en France, en raison du ralliement en 1905 à la loi sur la séparation de l’Église et de l’État. Pour Guy Mielcarek, directeur du Gymnase à Strasbourg (établissement sous contrat qui propose un cursus de la maternelle au bac), la spécificité de l’établissement repose sur une charte qui fait vivre les valeurs chrétiennes protestantes et celles de la République pour le respect du collectif. Mais bien souvent et surtout au lycée, où quatre dossiers sont reçus pour une place, c’est un tout autre aspect qui fait la différence pour les parents qui déboursent 600J par an (hors frais annexes : cantine, adhésion association, périscolaire, voyages à l’international, etc.). Le Gymnase est classé parmi les meilleurs lycées de France et propose des classes prépa ainsi qu’un cursus international.

Pourtant, Guy Mielcarek se défend d’être à la tête un établissement destiné à reproduire les élites. «Notre but est plutôt d’emmener tous nos élèves au maximum de leur potentiel en développant chez eux des compétences relationnelles, et ce, en lien avec les familles.» Jean-Romain Heu, lui, a fait le choix du public pour ses deux enfants de 8 et 10 ans. « Je suis enseignant dans le public et trouverais incohérent d’avoir mes enfants dans le privé. Je suis bien conscient d’habiter dans un quartier où l’école ne pose pas problème mais je crois à l’école publique même si elle va mal.» Pour lui, la majorité des enseignants est motivée par son travail. «L’enseignement privé n’est pas de meilleure qualité. La différence se joue dans le projet d’établissement et le système éducatif mis en place. » Jean-Romain Heu regrette que « les parents mettent en général trop de pression sur l’école en termes d’éducation et sur la réussite scolaire de leurs enfants ».