Pas une voix ne doit aller à Mme Le Pen”, a déclaré à trois reprises Jean-Luc Mélenchon, lors de son discours après l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril. Avec près de 22% des suffrages récoltés, le candidat insoumis va forcément peser dans la balance du second tour. Les deux finalistes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, font les yeux doux aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Car ces derniers ont entre leurs mains le résultat final, note Libération, qui titre un article résumant la situation : “Pour le second tour, tout le monde veut siphonner la réserve de voix de Mélenchon.”

Un député insoumis insiste auprès du quotidien de gauche : “Nous avons mené une campagne humaniste forte et nous sommes le mouvement qui combat le plus durement l’extrême droite. Aujourd’hui nous disons à nos électeurs, mais pas seulement aux nôtres, que pas une voix ne doit aller à Marine Le Pen pour éviter le pire dans notre pays. On ne peut pas être plus clair.” Du côté de La France insoumise, comme l’a martelé Jean-Luc Mélenchon, il ne donc faut pas “commettre des erreurs qui seraient définitivement irréparables”. Autrement dit, ne pas glisser de bulletin de vote en faveur de la candidate du Rassemblement national.

“Un vote pour réveiller la démocratie”

C’est une trahison quand même de sa part, car ses électeurs attendent de la protection. Et en laissant penser qu’Emmanuel Macron doit être réélu, il leur supprime toute capacité à être protégés. C’est tout de même très grave”, a dénoncé la candidate du RN sur France Inter mardi 12 avril. D’après un sondage Opinion-Way, publié hier par Les Échos, 47% des électeurs du candidat de La France insoumise au premier tour disent vouloir voter pour le président sortant au second tour de la présidentielle. Alors que 29 % d’entre eux pensent s’abstenir, 28% comptent voter pour Marine Le Pen.

C’est l’objectif. Je ne connais pas vraiment le programme de Marine Le Pen, mais peu importe ce qu’elle écrit, je sais que je ne veux pas de ce président cinq ans de plus”, explique Matthieu au Figaro. “Ce n’est pas un vote d’adhésion mais de barrage : j’en suis arrivé à un stade où voter pour l’extrême droite me dérange moins que de laisser Emmanuel Macron exercer sa politique”, dit même un autre. “C’est la première et la dernière fois j’espère que je voterai pour l’extrême droite puisque l’idée est de relancer le débat, complète Yann. Avec une forte opposition au Parlement les élus vont enfin pouvoir prendre la parole, là où ils n’avaient plus aucun pouvoir sous Emmanuel Macron. C’est un vote pour réveiller la démocratie.”

Consultation

Meriem Ben Salem, une étudiante voilée confie au Monde : Le Pen veut interdire le voile dans l’espace public. Je n’ai aucun doute sur le fait que Macron soit le moins pire des deux. Mamadou abonde et votera Macron “sans hésitation”. Car “Le Pen a un discours radical, je n’en veux pas”, dit-il. Un électeur de Mélenchon explique : “La liberté, l’égalité, la fraternité, pfff, on n’y croit plus – sauf la fraternité, mais la fraternité entre les pauvres. Mélenchon, lui, au moins, il parle au peuple, contrairement à Macron. Mais voter blanc servira Le Pen, donc non.

Mais d’autres choisiront l’abstention, comme cet habitant de Creil, interrogé par Le Monde : “Le front républicain, je n’y crois plus. Macron a eu une façon de gouverner autoritaire, brutale. Sa centralisation du pouvoir me déplaît. Pendant le Covid, il nous a infantilisés et, dans le même temps, il n’a pas cessé de passer par des conseils de défense pour décider de tout. Je ne veux pas voter pour cela.” Mercredi 13 avril, Jean-Luc Mélenchon a lancé la consultation en vue du second tour. Logiquement, l’option de vote Marine Le Pen ne figure pas parmi les propositions données : “Nous ne resterons pas sans prise de position. Vous pourrez vous exprimer dans une consultation en ligne pour dire votre choix : voter Emmanuel Macron, voter blanc ou nul, ou s’abstenir”, est-il écrit sur le site.