Vendredi 20 décembre, au lendemain du verdict du procès des viols de Mazan, Emmanuel Macron a remercié Gisèle Pelicot dans un tweet. « Merci Gisèle Pélicot. Pour ce mot de justice au nom duquel vous avez affronté l’épreuve tête haute. Pour les femmes, qui ont pour toujours une éclaireuse pour parler et lutter », a-t-il écrit. La septuagénaire est devenue une icône féministe après avoir refusé le huis clos dans un procès hors norme qui rassemblait 51 accusés. Pendant plusieurs années, Gisèle Pelicot a été droguée par son mari puis violée par des hommes qui répondaient à une annonce sur internet.
Son ex-mari, Dominique Pelicot, qui était poursuivi pour l’avoir droguée, violée et fait violer, a été condamné, jeudi 19 décembre, à vingt ans de prison, la peine maximale. Les 50 autres accusés, tous condamnés, ont écopé de peines souvent inférieures aux réquisitions, ce qui a été dénoncé par plusieurs féministes. Les peines prononcées vont de trois ans de prison, dont deux avec sursis, à vingt ans de réclusion, alors que des peines de quatre à vingt ans de prison avaient été requises, explique franceinfo. Le choix de Gisèle Pelicot qui a refusé le huis clos, a mis en lumière le procédé de la soumission chimique et a provoqué une onde de choc en France et dans le monde. L’ampleur du procès, le nombre de condamnés, mais aussi le fait que les viols de Gisèle Pelicot aient été filmés en font une affaire particulièrement suivie. Elle révèle également la diversité des profils des condamnés.
Le procès de Mazan a suscité « un émoi sans précédent »
Emmanuel Macron a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes sa grande cause du quinquennat, en mettant l’accent sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Pourtant, plusieurs associations féministes ont déploré son manque d’actions concrètes. Alors que la composition du gouvernement de Michel Barnier avait été dévoilée en septembre 2024, une trentaine d’associations féministes avaient publié un communiqué de presse pour dénoncer « la nomination d’un gouvernement ultra-conservateur ». Dans ce même texte, elles ont demandé des « actes forts », écrivant « les droits des femmes sont au cœur de nombreuses mobilisations. Le procès des violeurs de Mazan suscite un émoi sans précédent ». Les associations féministes ont ainsi dénoncé le fait que le budget consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes était insuffisant. Elles ont notamment demandé « un ministère de plein exercice pour piloter les politiques en matière de droits des femmes et assurer la coordination avec l’ensemble des ministères ».
Par ailleurs, certaines déclarations d’Emmanuel Macron sur le féminisme lui ont été reprochées. En janvier 2024, le chef de l’État avait souhaité lors d’un discours un « réarmement démographique ». « Ce discours nataliste semble valider les théories dangereuses des mouvements anti-avortement qui prétendent que la natalité, supposée trop faible, serait encouragée par l’accès à l’IVG et à la pilule », s’était inquiétée la Fondation des femmes dans un communiqué. Enfin, après sa réaction au verdict du procès des viols de Mazan, plusieurs internautes ont dénoncé le discours « hypocrite » du président. En décembre 2023, lors d’une interview, alors que Gérard Depardieu était visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle, Emmanuel Macron avait dénoncé « une chasse à l’homme » à l’encontre de l’acteur, rapporte Le Figaro. Se disant un « grand admirateur de Gérard Depardieu » le président l’avait qualifié « d’immense acteur » qui avait « rendue fière la France ». Là encore, ses propos avaient été vivement critiqués. « Les violences faites aux femmes grande cause du quinquennat… Ce président ne croit à rien de ce qu’il annonce quels que soient les sujets », avait taclé Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste.