« Les femmes ont des enfants de plus en plus tard. Elles diffèrent le calendrier des naissances. Mais il y a un second élément plus structurel : elles souhaitent avoir moins d’enfants. » Sylvie Le Minez, responsable de l’unité des études démographiques et sociales à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), analyse le bilan démographique annuel publié la veille.

Le nombre de nouveau nés en 2022 en France est le plus faible enregistré depuis 1946, rappelait Europe 1 mardi. Selon les données de l’Insee, en 2023, la France comptait plus de 68 millions d’habitants. La baisse de natalité et le niveau de mortalité élevé ont donc limité la hausse démographique à 0,3 % sur l’année.

Si le solde naturel de la population française est resté positif, Europe 1 rappelle que, selon l’Insee, il s’agit « du niveau le plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale ».

« La saisonnalité des naissances a été bouleversée »

Parmi ce qui explique ce nombre de bébés historiquement bas dans l’Hexagone : la baisse du taux de fécondité. Il avait diminué chaque année entre 2015 et 2020, après avoir oscillé autour de deux enfants par femme entre 2006 et 2014. L’an dernier, il s’élevait à 1,80 enfant par femme, contre 1,84 en 2021. Les femmes sont âgées de 31 ans en moyenne lors de la naissance de leur premier enfant, contre 29,4 ans vingt ans plus tôt.

Une hausse de la mortalité

« On voit que la saisonnalité des naissances est bouleversée », commente Sylvie Le Minez. En effet, la Covid-19 a eu une influence sur les naissances : après un fort rebond au deuxième semestre 2021, les naissances reculent de nouveau en janvier 2022, neuf mois après le troisième confinement, puis augmentent temporairement en février, avant de remonter à l’été.

La hausse de la mortalité a également affecté la faible croissance démographique en France. En 2022, le nombre de décès s’élevait à 667 000. « Ces chiffres viennent en partie du vieillissement de la population. Mais il s’explique en grande partie par la pandémie et les canicules », précise la responsable des études démographiques de l’Insee sur Europe 1. 

La France restait toutefois en 2020 le pays le plus fécond de l’Union européenne (1,82 enfant par femme), devant la Roumanie (1,80).