Au cours de l’histoire chrétienne, quelques humains ont vécu dans une telle communion avec le Christ et avec Dieu trinitaire qu’ils en ont reçu une vision de la vie en Dieu pouvant encourager, fortifier, guérir. On les appelle des mystiques. Leur enseignement peut exercer une influence bienfaisante. C’est le cas de Julian de Norwich, une mystique anglaise à la fin du Moyen Age à propos de laquelle Richard Rohr a consacré une séquence (11-17 août 2024) (1) des « Daily meditations » publiées sur le site : Center for action and contemplation. Nous en présentons ici un bref aperçu
Une vie qui a manifesté l’amour
Julian de Norwich a vécu en Angleterre dans le Moyen âge tardif de 1343 à 1416. Son histoire de vie nous est décrite en détail sur le site de Wikipédia anglophone (2). Julian, gravement malade et proche de la mort est assistée par un prêtre qui lui présente le crucifix. C’est cette nuit-là, en mai 1373 qu’elle entend le Christ lui parler pendant plusieurs heures, ce dont elle témoignera en rapportant 16 visions dans un texte court qu’elle approfondira 20 ans plus tard dans un texte plus long : « Les Révélations de l’Amour Divin » qui est parvenu jusqu’à nous après un long détour. Julian guérit et s’installe dans un ermitage contigu à une église de Norwich où elle vit dans la prière et la contemplation, disposée à conseiller celles ou ceux qui le lui demandent. Richard Rohr met en évidence l’originalité de la vision de Julian de Norwich par rapport à son époque, une originalité qui demeure aujourd’hui : « Elle n’est pas fondée sur le péché, la honte, la culpabilité, la peur de Dieu ou celle de l’enfer. A la place, elle est pleine de joie, de liberté, d’intimité et d’espérance cosmique ».
Dieu, mère et père
Richard Rohr loue l’intuition mystique de Julian qui lui a permis d’appeler Dieu mère. Ainsi a-t-elle écrit : « Le beau mot de mère est si doux et si aimable en lui-même qu’il ne peut être attribué qu’à Dieu ». Ce qu’elle dit ainsi, reprend Richard Rohr, c’est que « le mot même de mère est si beau dans l’expérience de la plupart des gens (pas de tous, dois-je ajouter) qu’il évoque en son meilleur ce que nous entendons par Dieu. Ce n’est pas ce que la plupart des grandes religions du monde ont enseigné et cru jusqu’à maintenant – excepté chez les mystiques. Parmi eux, Julian de Norwich occupe une place pivot… « Le concept et l’expérience humaine de mère sont si premiers, si grands, si profonds, si universels, si vastes que les appliquer seulement à notre propre mère est beaucoup trop étroit ».
« A l’époque, beaucoup de gens n’avaient pas accès aux Ecritures – en fait, beaucoup ne pouvaient pas lire du tout. Ils interprétaient au niveau des archétypes et des symboles. Par la suite, cela a paru une énorme aberration aux traditions de la « sola scriptura » (par l’écriture seule). Cependant, combien l’âme avait besoin d’une Mère Sauveur et d’un Dieu Nutricier dans une période de l’histoire et du christianisme profondément […]