Au sortir de cette semaine pascale, après avoir tant lu et réfléchi sur les Écritures et leur interprétation (et avec quel brio sur Campus Protestant !) je me demandais bien ce que moi, petite mère de famille affairée, je pouvais avoir d’intéressant à dire sur le sujet – à part la recette du gigot de sept heures. Ce blog a marqué un silence poli – et, disons-le, un peu perplexe.

Et puis, m’est revenue une réplique entendue dans le film de Xavier Gianolli, «L’Apparition ». Un prêtre exhortait la foule à la conversion, fustigeant la quête hédoniste du bien-être, qu’il opposait à la foi sincère et à la vie spirituelle. Cette phrase m’avait marquée car on sentait bien que l’une avait remplacée l’autre – au grand dam de l’ecclésiastique – alors que l’une était plus essentielle que l’autre. « Bien-être ou spiritualité ? », me demandais-je – comme une sorte de « Bourse ou la vie » ontologique.

Il faut bien avouer que la deuxième moitié du XXème siècle – et le début de celui-ci – ont érigé le bien-être en idéal de vie. Il renvoie au confort et à notre qualité de vie, mais aussi à un état personnel de plénitude : se sentir bien dans notre corps – que ce soit à travers le sport ou la méditation – cultiver des pensées positives, être épanoui, se réaliser… Le bien-être est souvent considéré comme une quête individuelle – pour ne pas dire individualiste – dans un égocentrisme forcené, et à travers des « méthodes » empreintes de syncrétisme. Nous avons le culte du bien-être, comme une forme de religion moderne. D’ailleurs, certains des « gourous » de ces techniques rassemblent des adeptes, tout prêts à les suivre jusqu’au fanatisme – ou à convertir les autres.

Mais pourquoi ne pourrait-on être à la recherche du bien-être « et en même temps » – pour reprendre une expression très 2017 – en quête de spiritualité ? L’une n’empêche pas l’autre.
Il me semble que Jésus s’est incarné et c’est bien dans cette dimension physique qu’il s’est rendu visible à ses contemporains, en tant que fils de Dieu. D’ailleurs, son corps a fait l’objet de beaucoup d’attentions – de la tête aux pieds si j’ose dire : lavement, onction, parfum, huile… Jésus était même gourmand.

A l’inverse, la spiritualité devrait-elle forcément se vivre dans une approche ascétique, dénuée de sensorialité ou purement intellectuelle ? La spiritualité est incontestablement une dimension de notre être. Tout être humain aspire à la transcendance, quelle que soit la forme qu’elle prend. Elle lui fait du bien, au-delà des purs aspects éthérés. Des études ont montré que la pratique de la prière, comme de la méditation, avait des effets bénéfiques sur notre cerveau – et permettait au corps de mobiliser ses capacités d’auto-guérison. Un vrai petit miracle, dans lequel l’esprit agit sur le corps.

Mais se sentir bien dans sa peau et bien dans sa vie est important aussi pour l’expression de notre spiritualité. Une fois les contingences matérielles réglées, une fois l’apaisement physique et mental installés, il est d’autant plus facile d’avoir accès à « plus grand que soi ». Quiconque subit douleurs physiques ou souffrances psychiques peut difficilement contacter sa part spirituelle – à moins de considérer que seule la religion lui tient lieu de réconfort, mais c’est un autre débat. Et dans bien des cas où ces douleurs sont trop grandes, les hommes doutent, perdent la foi et se coupent de Dieu.

J’ai tendance à penser que je suis une créature – c’est-à-dire le fruit de mon Créateur. Je tiens donc comme acquis qu’il m’ait donné aussi comme objectif de traiter au mieux ce qu’il m’a confié, mon corps, mon cœur et mon âme tous ensemble, pour réaliser ce qu’il veut de moi. Bien-être ou spiritualité, il n’est pas nécessaire de choisir.

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