Nos Huguenots bretons sont finalement passés au travers des massacres parisiens de la Saint-Barthélemy, à la notable exception du baron de Pont-L’Abbé. S’ils rentrent peu à peu dans la province, par des chemins différents, ils y sont précédés par les rumeurs puis la sidération qui accompagne l’événement. Un enjeu fondamental reste quelques jours en suspens. Le massacre va-t-il se limiter à la capitale ou s’étendre au reste du Royaume ? Durant cette période critique qui soulève encore beaucoup d’interrogations aujourd’hui, tout peut basculer. On le voit bien dans les provinces du Centre et de la Loire, où la chasse aux huguenots atteint Orléans, Gien, Saumur et Angers. Une des victimes de ces journées fut l’ancien pasteur de Vitré, Mondonay de Goulaine.
Nos Bretons se trouvaient d’autant moins en sécurité qu’il se disait que le Duc de Bourbon-Montpensier, gouverneur de la province, avait été un des plus acharnés à tremper son épée dans le sang des huguenots parisiens et qu’il brûlait d’étendre l’hécatombe à sa province. Comme il ne résidait pas dans son gouvernement, il ne put que transmettre ses ordres par écrit aux villes de Bretagne, comme en témoigne la lettre du 25 ou 26 août qui parvint aux échevins de Nantes quelques jours plus tard : Après avoir décrit le massacre parisien comme une juste sanction d’une odieuse conspiration contre le roi, il concluait : « Par là lintention de sa majesté est assez cognu pour le traitement qui se doit faire aux huguenots des autres villes, et aussi le moyen par lequel nous pouvons espérer de voir par cy après quelque assuré repos en notre pauvre Eglise catholique. » […]