Ainsi peut-on résumer le nouveau contexte qui s’ouvre au début du XVIIe siècle dans la ville qui est, pour quelques mois encore, un fief des Laval. Vitré avait été, pendant les guerres de la Ligue, un cas tout à fait particulier en Bretagne, car les Huguenots y étaient en force, imposant leur volonté à leurs voisins et cousins catholiques.

Tout change, par la volonté du roi, au lendemain de l’Édit. Les calvinistes de la ville doivent rendre à la religion romaine, les lieux de culte qu’ils s’étaient un temps appropriés. Sous la surveillance des commissaires de l’Édit, ils doivent donc rétrocéder les lieux de culte dont ils s’étaient emparés, tandis que le clergé « rebénit » les cimetières municipaux où se trouvaient les dépouilles des huguenots qui en sont désormais exclus. Ce sera d’ailleurs une des premières mesures prises en l’an 1600 par la municipalité de la ville : acheter pour 400 Livres un terrain qui servira désormais de lieu d’inhumation pour « ceux de la Religion ». C’est à la fois une mesure de séparation, une forme de décohabitation confessionnelle, et une conséquence logique de la fragile paix religieuse qui s’instaure en France pour trois quarts de siècle. […]