Arts

Arrête, je vois la parole qui circule dans tes yeux

Fin janvier, la compagnie Arkadina a surpris les spectateurs avec un spectacle faisant l’apologie du verbe.

Arrête, je vois la parole qui circule dans tes yeux

Descartes soutenait la thèse que le langage est le propre de l’homme.

La théorie de l’évolution émet l’hypothèse que l’homme se serait tenu sur deux pieds par le son de sa voix sortant du larynx.

La bible dit dans Jean 1:1 qu’au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. La parole qu’il nous a donnée lorsqu’il nous a fait à son image.

Mais alors, que faisons-nous avec ?

Comment nous sert-elle ?

Pourquoi nous soumet-elle ?

Que disons nous vraiment à travers les mots ?

La compagnie Arkadina se saisit du plateau du Théâtre du Petit Parmentier dans l’ouest parisien pour trouver réponse à ces questions. Les comédiennes Capucine Baroni et Théodora Marcadé dans leurs combinaisons blanches et moulantes se mettent au service de cette réflexion et leur spectacle « Arrête, je vois la parole qui circule dans tes yeux » propose l’apologie du verbe.

Ces jeunes filles nous montrent que le langage n’est pas indépendamment dissocié du corps. On sent leurs pensées influer sur leurs corps, tendre leurs muscles. Comme si les corps devaient remplir des conditions pour que la parole puisse sortir. La voix se transforme tout comme les pensées qui deviennent des êtres et la parole les conduit à l’existence. On voit sur scène des personnages nés d’une pensée, et dont l’émotion qui l’accompagne influe sur leurs postures et affectent leurs voix.

Si on ne parle pas, on ne vit plus, au point que les gardiens d’immeuble qui ne disent que « bonjour » et « au revoir » à longueur de journée sont comme privés d’existence.

Ce spectacle-performance nous fait voyager dans le monde prolifique de la langue.
Vous serez équipé d’un GPS de la grammaire pour partir sur la route des expressions pour arriver à destination du match des synonymes et des figures de style où l’on parle sans langue de bois.

S’ensuivent des scènes truculentes du style d’un mot pour un autre à la Jean Tardieu, des scènes de romantisme en carrosse à la Dumas où les nobles dialogues sont substitués par une conversation de jeunes se racontant leurs derniers « crushs ».

Le sens de l’absurde

Ce que l’on pourrait catégoriser comme théâtre de l’absurde est bourré de sens.

On y explore la fonction dominatrice de l’éloquence, en politique, dans les rapports professeur/élève, l’élitisme aussi dans la pédanterie des conversations sur le néo-langage d’entreprise.
Parler pour tout dire, pour rien, pour passer le temps, pour faire n’être une idée, pour dire ce qu’on arrivait pas à dire, c’est ce que ces jeunes artistes ont fait. La grande complicité entre les comédiennes met à l’aise le spectateur qui rentre aisément dans leurs délires que l’on imagine émergés d’improvisations-fleuves.

A la fois d’une grande intelligence, d’un humour raffiné, et avec l’amusement de cœurs d’enfants,

la compagnie Arkadina signe un spectacle contemporain d’une grande qualité qui plaira à tous les amoureux des mots, autant aux sociolinguistes, aux professeurs de français, qu’aux adolescents.

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