Dans une ville portuaire, des êtres isolés, habitués à la violence, vont soudain voir leurs vies bouleversées par le théâtre, la poésie et l’art. Et leurs quotidiens, transformés par l’amour…

Cette musique ne joue pour personne est un film choral mais comme nul autre. D’ailleurs sa particularité est peut-être là avant toute autre chose, celle d’être un film comme nul autre, tout simplement. C’est une galerie de « tronches », une histoire d’amour et d’amitié où la violence est un décor, presque une ambiance. Un drame romantique, où la poésie éclabousse et se mêle à l’hémoglobine et à l’amaryllis, où aimer se dit les yeux fermés et avec des couleurs. On y danse, on y chante même, ça bégaie, on se regarde, on se séduit, on s’étrangle et on se gifle, on discute, on s’insulte… mais on s’aime et on s’aimera encore.

Cette musique ne joue pour personne ressemble à son plan d’ouverture… la mer du nord, ses vagues, quelques rochers, un piquet, une vue surexposée… et la poésie qui jaillit au-travers d’un morceau de sac poubelle bleu accroché au piquet et flottant au vent.

Tout est dit là, par métaphore interposée, à laquelle ajoutez une BO magique et décalée faite du piano envoûtant de Chilly Gonzales et de standards de la chanson française. Mix habile de chansons d’amour et de tubes des 80ies, de France Gall à Laurent Voulzy, en passant par Alain Bashung, Arno, ou Christophe et avec le titre monumental « On ne naît pas femme », écrit par le cinéaste spécialement pour Vanessa Paradis.

Et justement, ayant évoqué le côté choral précédemment Cette musique ne joue pour personne est naturellement doté d’un casting incroyable : Vanessa Paradis, François Damiens, JoeyStarr, Ramzy Bedia, Gustave Kervern, Bouli Lanners, Valeria Bruni-Tedeschi, Vincent Macaigne, Bruno Podalydès… Ils sont tous parfait dans leurs personnages, jamais trop et jamais trop peu… un doucereux équilibre fragile et viril à la fois qui donne corps à cette histoire qui nous dit que quelques soient la dureté des êtres et des circonstances, malgré le froid et les enfermements de toutes sortes… l’amour est toujours possible et la culture et l’art des exhausteurs du goût de vivre et des catalyseurs d’un éveil rendu possible tel une grâce, un don venu d’ailleurs, d’en-haut peut-être.