En 1856, l’Église protestante de Rennes sort pour une deuxième fois d’une période de disette pastorale. La paroisse était privée de ministre du culte depuis 1852. L’instituteur, Alphonse Martin, essayait de suppléer provisoirement à cette absence, mais sa tâche était difficile : il n’avait ni le temps ni la légitimité nécessaire, et il se heurtait, en outre, à la défiance des autorités et de l’administration.

En ce début du Second Empire, les instituteurs protestants étaient généralement très mal notés par le pouvoir qui voyait en eux de dangereux « rouges » et des agents révolutionnaires. Cet a-priori concernait également le malheureux Alphonse Martin. Un rapport du préfet d’Ille-et-Vilaine au ministre le décrit comme un « homme taré et d’opinions socialistes les plus avancées ! ». Le pauvre devrait s’estimer heureux de ne pas avoir été déporté et emprisonné après le coup d’État comme un certain nombre de ses collègues du Midi…

Dans ce contexte, il n’était pas question que le ministre des cultes réponde favorablement à la demande de reconnaissance officielle d’un poste pastoral en Ille-et-Vilaine. C’est la Société Centrale Protestante d’Évangélisation qui sauve la situation […]