Après quelques années au service de l’Éducation nationale, Sébastien Bravard a écrit un seul-en-scène qui retrace son expérience. Ce jour où cet homme, comme un super-héros à son échelle, à jonglé entre plusieurs casquettes : professeur le jour, comédien la nuit.

L’école, on est tous passé par là. On se souvient tous d’une professeur si psycho-rigide qu’on croyait qu’elle avait des yeux dans le dos lorsqu’elle écrivait au tableau. Ou au contraire d’un maître attentif et délicat qui nous faisait prendre part à des projets hors du commun.

Sébastien Bravard voulait être utile à sa nation après les attentats de 2015.

Il voulait contribuer au bien commun. Et pour lui, le bien commun, ça signifiait l’école.

Sans doute, il souhait éduquer et instruire les futures générations et les aider à devenir des citoyens du monde de demain dont l’avenir est incertain. S’il ne pouvait pas changer la face du monde, il voulait les préparer à y vivre dans les meilleures conditions possibles.

Au départ, il était alors poussé par une utopie patriote, les grandes idées des pères fondateurs de l’école française : Philippe Meirieux, Piaget ou Jules Ferry. Mais comme d’autres, il a très vite déchanté lorsqu’il a mis les pieds dans le plat face à une classe de 27 élèves.

Bien que submergé par les remarques des inspecteurs, les fiches de préparation de séance à faire en rentrant chez soi et perdu face aux nombreux sigles de l’Education nationale (AVS, PPRE, MAT, DDCSPP, etc.), Sébastien veut voir au-delà. Etouffé par la masse de travail, il a ce désir de faire un pas pour chacun de ses élèves et connaître leur bonheur, leur détresse et leurs grandes espérances.

La scénographie signée Erwan Creff est simple : une chaise, un banc, une table. On a l’impression d’être au cœur d’une école innovante. Des traits bleus tapissent le plateau et rappellent les formes géométriques tirées à la règle sur le tableau d’un professeur.

Le tableau aussi est là en fond de scène. Sébastien Bravard profite de cette espace scénique épuré pour modifier à sa guise la disposition des meubles et nous emmener dans de nouvelles péripéties.

Le comédien donne vie aux différents lieux, raconte les conversations de la salle des maîtres, la séance d’EPS bordélique en pleine cours de récré, les épisodes cocasses des sorties à la piscine. Son phrasé théâtral, à la recherche du mot juste, utile pour rendre compte au mieux de ses souvenirs laisse place parfois à un parlé plus naturel, sur le ton de la confidence.

Le théâtre a formé l’homme. Il utilise maintenant l’art théâtral pour transmettre aux élèves et transmet aussi aux élèves les richesses de son art. Eux, ils n’attendent que ça : se prendre au jeu. A la grande surprise de l’enseignant, les élèves sont touchés par une lecture de l’ogrelet durant laquelle ils reconnaissent des sentiments qu’ils avaient enfouis en eux et dont ils n’arrivaient pas à mettre des mots dessus. Ces instants si précieux donnent la force d’affronter toutes les contraintes de ce métier. Sébastien Bravard arrive à nous toucher par des sentiments sincères.

Engagé, il veille à ce que tout soit au mieux pour ses élèves.

Cet élan d’amour l’amène à planter des graines qui une fois en terre font naître beaucoup de fruits. D’apparence simple, ce seul-en-scène mis en scène par Clément Poirée, directeur du Théâtre de la tempête, est si riche à chaque phrase que l’on aurait envie de continuer de rêver un peu plus au monde de l’enseignement avec le regard si peu connu du maître.

Prochaine date : 16 janvier 2020  à La Scène Watteau à Nogent-sur-Marne (94).