La nuit lentement arrive. Elle descend. Elle a déjà commencé à remplir les creux. Une fois comblés les vides et l’obscurité étendue sur la plaine, tout virera au brun… il ne restera plus que le langage capable de vivre dans le noir, là où aucun poids, aucune présence, ne subsistent. Par un côté seulement l’obscurité ressemblera à la réalité…

La nuit emblématique qui tombe dès les premières pages – ténèbres d’une peur mythique, de l’oppression et de la méconnaissance, déploiement d’un univers totalitaire nourri des nostalgies d’un paradis perdu – est d’abord celle de la langue.

L’écriture n’est pas un instrument qui met de l’ordre dans un monde sans ordre, mais souligne les ambiguïtés de l’imaginaire dans sa capacité de dénoncer et de mystifier.

Au bout de la nuit, que nous reste-t-il ? « Avoir écrit », « avoir échappé à la folie ». Tel est le credo d’une œuvre moins en quête d’une vérité dernière, qu’obstinée à guetter les bribes d’un imprévisible jour.

Bilge Karasu, né en 1930 à Istanbul, est l’un des écrivains turcs contemporains les plus originaux. Maître dans l’art de concilier pensée philosophique et talent littéraire, il est l’auteur de plusieurs romans dont « Au soir d’une longue journée » paru aux éditions Empreinte temps présent. De nombreux prix ont récompensé son œuvre.

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