Le protestantisme y est, en effet, attesté pendant plus d’un siècle. La forteresse servit de refuge aux pasteurs de Rennes dès les années 1560 et abrita à certaines époques une Église complète selon la discipline réformée, avec ministre, temple et consistoire. Cette assemblée, formée de nobles de la région, de leurs serviteurs et officiers, bénéficiait de la protection et des subsides des maîtres du lieu, la puissante famille des Montbourcher. Ces derniers étaient passés très tôt à la Réforme et leurs descendants n’abjurèrent que sous la plus vive contrainte en 1685. Le marquis et les siens avaient été arrêtés et emprisonnés alors qu’ils étaient en route vers le Refuge, sur la frontière des Flandres. Mais plusieurs procédures judiciaires conservées aux Archives d’Ille-et-Vilaine attestent de la persistance d’actes de protestantisme à Ercé au début du XVIIIesiècle.

Le château du Bordage avait été édifié au XIVe siècle sur l’emplacement d’une ancienne motte féodale qui formait la base d’un donjon. Il constituait l’angle d’une vase enceinte fortifiée de forme carrée, entourée de douves, de près de 100 mètres de côté. L’ensemble, édifié sur un site sans relief naturel, ne constituait pas une place forte quasi imprenable comme pouvait l’être Vitré. C’était plutôt la mise en défense, sur le modèle du château philippien, d’une puissante propriété seigneuriale. Le Bordage pouvait offrir un refuge aux Huguenots de Rennes dans les périodes troublées mais ne pouvait défier des armées dotées d’artillerie. Il fut pris et repris pendant les Guerres de la Ligue. […]