S’il est évident que le protestantisme breton a toujours été largement minoritaire (quelque 5 000 hommes et femmes en moyenne, pendant quatre siècles), il est tout aussi exact que ces Réformés ont pesé d’un poids important, sans commune mesure avec leur nombre, sur la vie religieuse, sociale, culturelle et politique de la province. Le quart des familles nobles a été touché par la Réforme au XVIe siècle, de même que les plus grands imprimeurs, de nombreux médecins et une part notable des conseillers au Parlement… Au cœur du XVIIe, nombre de manoirs et de châteaux de la province résonnaient du chant des psaumes, tout comme les demeures des maîtres de forges et les plus beaux hôtels particuliers du quai de la fosse à Nantes… Et vers 1660, vingt ans seulement avant la Révocation de l’édit de Nantes, le clergé breton se lamentait de voir le très huguenot marquis de la Moussaye, beau-frère de Turenne, devenir gouverneur de Rennes et acheter le comté de Quintin : il y avait danger, pensaient les évêques, de voir toute la province menacée de Calvinisme… […]