Les seules informations jusqu’alors à disposition : un lieu d’exercice, au château du Plessis-Bertrand en Saint-Coulomb, un seigneur protecteur, Christophe de Chateaubriand, époux de Charlotte de Montgomery, un pasteur, le sieur Mahot, et une date tragique : 1569.
La communauté calviniste se disperse alors à la suite du décès de son protecteur lors de la bataille de Jarnac. L’Église se relèvera pourtant, mais plus tard, sous la sauvegarde de l’Édit de Nantes. Il se trouve qu’une récente étude d’Antoine Rivault, élaborée dans le cadre de la préparation de sa thèse sur le duc d’Étampes, gouverneur de Bretagne lors de la Réformation dans la province, vient apporter de nouvelles et intéressantes lumières sur l’Église réformée naissante de Saint-Malo. Antoine Rivault a dépouillé la très intéressante correspondance de Georges du Bueil, seigneur de Bouillé, qui était alors gouverneur de Saint-Malo, vice-amiral de Bretagne et lieutenant général de la Province à partir de 1560. Lors des fréquentes absences du gouverneur en titre, il était le représentant du roi en Bretagne. Ce que l’on connaissait de la partie de ses lettres déjà éditée au XVIIIe siècle, montrait un homme scrupuleux à l’extrême, proche de Catherine de Médicis, défavorable aux huguenots, mais honnête. Sa préoccupation première était le service de l’État.
Le souci constant, qui frise à l’obsession, de Georges du Bueil est de s’opposer à d’éventuelles entreprises anglaises sur les côtes de Bretagne en général et sur la place forte de Saint-Malo en particulier. Le souci n’est pas dénué de pertinence si l’on se souvient des multiples « descentes » britanniques sur les côtes bretonnes. Mais, à l’exception des événements de 1573 lorsque Belle-Île avait été occupée par les Anglais alliés de Gabriel de Montgomery, le danger britannique se révéla plus hypothétique qu’autre chose en Bretagne lors des Guerres de religion. Mieux, si une armée venue d’outre Manche débarqua finalement à Paimpol en 1591, ce fut à l’appel des États de Bretagne eux-mêmes, en accord avec le roi Henri IV, et pour chasser les Espagnols ! […]