Sève et Alexandre forment un couple parmi tant d’autres. Mais leur routine à deux va être chamboulée lorsqu’à la mort de sa mère, la jeune fille doit vider sa maison d’enfance.
Les morts reviennent à la vie dans cette demeure remplie de madeleines de Proust. La scène est pleine de ballons blancs. On appelle l’un des ballons « gants de boxe », l’autre « talkie walkie ». On comprend qu’ils représentent toutes ces petites choses de l’enfance.
Dans cette mer d’imaginaire, on navigue sur les flots de nos vies passées : Enfant, adolescent ou jeune adulte, on a déjà vécu plusieurs fois. Quand on tombe sur ce vieux miroir qui a pris la poussière, ce vieux miroir duquel Sève passe à travers, et découvre « la plage de l’oubli ».
Elle y fait la rencontre de Zoé, sa poupée qui ne la reconnaît plus. Dure de se faire confiance et de recoudre une amitié d’enfance que la vie d’adulte a rompue. Ce conte fantastique est conduit par deux comédiens qui font naître des choses qui n’existent pas encore en proclamant des didascalies à l’oral. Ces conteurs soutenant l’ossature du miroir sont intrigants, drôles et cruels comme des figures de muses ou d’euménides des pièces antiques.
Le jeu de miroir, l’utilisation de la marionnette, la précision dans le choix des accessoires et des costumes, les changements à vue : toutes ces conventions théâtrales sont pertinentes et participent à la magie du conte qui rappellent aux plus adultes qu’ils ont été des enfants. « Notre Océan » nous immerge dans les profondeurs de nos âges tendres, là où le cœur n’était pas encore trop dur pour rêver, pour se jouer et vivre des mythes et des chimères. Sylvain Onckelet a étudié pendant longtemps le conte et défend sa pièce depuis plusieurs années maintenant. Il a bien raison, car elle mérite d’être vue du grand public.