Organisé par le service culturel de l’université Sorbonne-Nouvelle de Paris 3, l’événement s’est déroulé du 11 au 14 février au Centre paris Anim’ les Halles.

« La liberté, c’est le droit au silence » nous confie cette jeune étudiante suffoquant sous le tumulte des conversations, des grondements de la danse du métro, et du bourdonnement perpétuel de la ruche parisienne. Elle a besoin d’ailleurs pour sortir de cette impression que la vie avance sans elle, dans cette ville qui l’a engloutie.

Ce monologue résonne comme la pensée des metteurs en scène et auteurs du texte Carla Mallet et Casimir de Carvalho dont on sent la volonté de créer ce spectacle comme une réflexion, voire un manifeste sur l’importance du silence, ce monde presque invisible qui n’a pas été meublé par le bruit de l’homme.

Il faut aller dans des régions isolées du Sud-Ouest pour le retrouver, et chercher une échappatoire à la parole et aux mots. C’est dans une alternance entre deux plateaux que se jouent ces histoires du silence. Dans un dytique partagé entre un plateau nu en avant-scène où l’on s’accommode de quelque mobilier afin de situer le contexte, et un lieu de l’auberge où se sont égarés nos personnages en fond de scène à travers le voile noir et feutré.

On fait la découverte de Loufol élevé dans la solitude de la montagne qui chantonne des vieux standards de la variété française comme pour ne pas sombrer dans la folie. Nous sommes à la découverte de ce monde oublié par le passé, dont le feuillage à recouvert les murs des vieilles bâtisses et des usines désaffectées.

Ce spectacle recherche une manière de dire autrement que par les paroles qui ont saturé nos quotidiens et nos imaginaires. Nous empruntons avec les acteurs ces routes de l’intérieur et du sensible par le biais d’un langage qui ne se fait pas entendre : l’Art pour dire autrement et vivre le monde sous un autre regard. Telle cette danseuse du Moyen-orient qui choisi de danser en silence dans son pays en guerre, car son silence ne peut être manipulé par la voix des dictateurs.

Nous sommes emportés par les danses des acteurs à la recherche d’un ailleurs, dans ce monde où l’on ne sait plus si Dieu nous a abandonné ou si c’est nous qui avons lâché sa main.

On fini par se perdre dans ce spectacle quelque peu fouilli, dans ce carrefour de questionnement à la croisée de témoignages poignants.

On épie à la lumière tamisée et derrière ce voile mystérieux, les scènes de groupes joués dans une atmosphère naturaliste et pleine de vie. Les comédiens prennent à cœur la vie de leurs personnages et nous la font parvenir avec passion. Peut-être que le fait d’avoir trop voulu en raconter, avec des vidéos-projections « casse-pipe » atténue le plaisir simple de suivre une de ces touchantes histoires.