Un exemple d’accueil de la diversité
La première Église a été traversée par une opposition majeure autour de la question de la cohabitation des Juifs avec les non-Juifs souvent appelés les Grecs. Nous pouvons décrire le débat à travers la tension entre deux positions tenues par Jacques, le frère de Jésus qui est devenu le responsable de l’Église de Jérusalem, et Paul qui a été appelé l’apôtre des païens.
La position de Jacques consiste à maintenir la séparation entre les Juifs et les Grecs pour que les premiers ne renient pas leur identité. Paul est pour un dépassement de cette opposition au nom de la conviction que l’identité donnée en Christ par le baptême est plus forte que les oppositions sociales et religieuses[1].
Les deux positions présentent deux compréhensions différentes de l’Église, elles sont plus éloignées que celles des Églises protestantes et catholiques de nos jours. Pour évoquer cette diversité, Paul raconte, dans l’épître aux Galates qu’il y eut un partage dans la mission : « Jacques, Céphas et Jean, considérés comme des colonnes, nous donnèrent la main droite à Barnabas et à moi, en signe de communion : ainsi nous irions vers les païens, et eux vers les circoncis ; nous devions seulement nous souvenir des pauvres, ce que je me suis empressé de faire.[2] »
Jacques et Paul se séparent, car leurs compréhensions sont trop différentes, mais au moment de se quitter, deux précisions sont apportées. « Ils nous donnèrent la main droite en signe de communion. » Donner la main droite, c’est une façon de dire : « J’ai rangé mon épée, je suis désarmé, je te veux du bien. » Pourquoi ne pas y voir aussi un signe de bénédiction ? Ensuite, ajoute Paul, « nous devions nous souvenir des pauvres, ce que je me suis empressé de faire. » On peut avoir des compréhensions différentes de l’Église sans que cela empêche de faire des choses ensemble, notamment s’occuper des pauvres. Nous retrouvons ici un slogan de l’œcuménisme : « Faire ensemble ce que nous ne sommes pas obligés de faire séparément. »
Lorsque le Nouveau Testament parle d’unité, il ne parle pas d’une église monocolore, mais de la façon dont les différentes couleurs vivent en harmonie les unes à côté des autres.
[1] Ga 3.27-28.
[2] Ga 2.9-10.