Le temple de Pontaix fait partie d’un ensemble d’églises protestantes unies locales, celles de Die, Bas-Diois et Haut-Diois (consistoire des Portes du Midi).

« Situé au bord de la rivière Drôme qu’il domine d’une dizaine de mètres, le temple actuel de Pontaix est une ex-chapelle seigneuriale médiévale catholique. L’origine de la construction demeure, pour l’instant, imprécise, l’édifice se trouvant sur une structure plus ancienne, mais la partie occupée par le temple actuel peut être incontestablement datée du Moyen Âge grâce à quelques éléments stylistiques, notamment en ce qui concerne l’arc brisé du sanctuaire et les peintures murales. »

C’est ainsi que l’historienne Laurence Hamonière, autrice de l’ouvrage « Les peintures murales du temple de Pontaix » présente ce temple protestant chargé d’histoire situé dans la Drôme à l’est de Die, à une heure de Valence. Au cœur du village niché entre les montagnes, cet édifice tantôt catholique, tantôt protestant, illustre parfaitement l’histoire de l’Eglise réformée. « Dans le Diois, le protestantisme est présent dès la première moitié du 16e siècle, poursuit Laurence Hamonière. La Réforme y est officiellement adoptée en avril 1562 ; en mai de la même année, le réformateur Guillaume Farel viendra prêcher. Pontaix possèdera rapidement une communauté calviniste. L’ancienne chapelle seigneuriale catholique deviendra donc un temple utilisée au début de la seconde moitié du 16e siècle. » A noter que, dans la vallée de la Drôme, après l’instauration de l’Édit de Nantes (1598), la population protestante s’élèvera à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Cependant, dès 1627, cette ancienne chapelle seigneuriale convertie en temple redeviendra catholique, soit bien avant la révocation de l’Édit de Nantes par l’Édit de Fontainebleau en1685. Enfin, « après le Concordat de Napoléon signé en 1801, les protestants reconnus officiellement acquièrent ainsi de la visibilité et une possibilité d’expansion qui se traduit notamment par la construction de temples. Pas nécessaire à Pontaix, où la population est restée principalement protestante. L’église paroissiale catholique très peu fréquentée retourne donc au culte réformé et redevient, après presque deux siècles, le temple de la communauté », peut-on lire dans « Les peintures murales du temple de Pontaix. »

Peintures murales d’exception

En dépit de ces allers et retours entre obédiences catholique et protestante, c’est bien à l’art chrétien d’avant la Réforme (entre la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance) que l’on doit ces fameuses peintures murales situées à l’intérieur du temple qui ont été recouvertes de chaux au fil du temps. Et pour cause, puisque les images religieuses étaient rejetées par la Réforme. Mais, dans les années 1970, ce sont des infiltrations entraînant des décollements qui laissent apparaître, dans l’édifice, des traces de peintures murales avec, en 1977, la découverte de décors peints. Ceci expliquant cela, le temple est classé Monument historique en 1980. « Construit en petits moellons de calcaire local grossièrement équarris, l’édifice possède un plan très simple composé d’une nef unique et d’un minuscule sanctuaire rectangulaire au Nord », précise l’historienne. L’accès au temple s’effectue par un portail du 17e siècle.

C’est l’association loi 1901 Temple de Pontaix, créée en 1986, aujourd’hui présidée par Denise Géranton, qui va procéder à la restauration des peintures murales. Celles-ci se sont déroulées durant trois décennies, de 1990 à 2010. Pour ce faire, la commune de Pontaix, propriétaire de l’édifice, a reçu des subventions de la DRAC, du Département, de l’Union européenne et de la fondation Crédit Agricole. Des travaux récompensés en 2001 du « Grand prix Patrimoine Rhônalpin du meilleur projet de restauration. » Une rénovation qui a permis de mettre à jour de superbes peintures. Notamment en ce qui concerne la grande crucifixion du mur de fond du sanctuaire. Finesse des traits du Christ, de Marie et d’une sainte à ses côtés. Expressivité des visages, délicatesse des attitudes et douceur des couleurs polychromes. Avec, à l’intérieur de l’arc, quatre médaillons illustrant les Évangélistes. Une profusion de peintures et de frises remarquables.

D’un point de vue cultuel, le temple de Pontaix accueille un culte rassemblé au mois de juin qui réunit l’Église réformée du Haut-Diois et l’Église protestante de Die et Bas-Diois. « Occasionnellement d’autres cultes ont lieu au cours de l’année. Ce temple est, bien entendu, utilisé lors de cultes d’action de grâce pour les églises locales de l’EPUDF et, à l’occasion, pour l’Église catholique romaine, leur église, à savoir le bâtiment, n’étant plus utilisée car en mauvais état. À quelques rares occasions le temple de Pontaix accueille des célébrations de mariages et de baptêmes », souligne Daniel Forget, pasteur de l’Eglise réformée du Haut-Diois et de l’Eglise protestante unie de Die et de Bas-Diois.

Sur le plan culturel, le temple de Pontaix est utilisé pour des manifestations culturelles : vernissage de peintures, expositions de photographies, etc. En période estivale, deux à trois concerts, sont organisés chaque année. En été, du 14 juillet au 15 août, le temple est ouvert l’après-midi de 15h30 à 18h30. Ce temple et ses peintures renommées peut aussi être visité sur rendez-vous. Un joli détour dans ce vieux terroir protestant.

  • Contact de l’association Temple de Pontaix : templedepontaix@gmail.com
  • Adresse : Temple, Pontaix – 26150