Jésus Christ lui-même a institué le baptême en proclamant à ses disciples : « Allez auprès des hommes de toutes les nations et faites d’eux mes disciples ; baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à obéir à tout ce que je vous ai commandé. » (Matthieu 28, 18 à 20).

Le Livre des Actes insistera dans deux passages (Actes 8,16 et 10,47) sur l’idée que le baptême est une inscription dans la communauté. Il n’est pas conditionné à des critères spécifiques. Ainsi, par le baptême, le baptisé entre dans la grande famille chrétienne. En effet, pour les chrétiens de confessions réformée, luthérienne, orthodoxe et catholique, il n’y a qu’un seul baptême. L’Église locale, qui reçoit le baptisé, représente l’Église universelle en accompagnant le baptisé et sa famille dans leur cheminement spirituel.

Le Livre des Actes, dans deux autres passages (2,38 et 10,47), met l’accent sur le Saint-Esprit. De la même façon qu’un enfant qui naît en sortant du ventre de sa mère, inspire le premier souffle de la vie dont il aura toujours besoin, le baptisé reçoit le souffle de l’Esprit grâce auquel il peut commencer une vie de foi. L’apôtre Paul soulignera, quant à lui, que ceux qui sont attachés à Christ font partie de la même plante, et que le baptisé quitte le vieil homme qui était en lui pour laisser advenir une nouvelle personne (Romains 6). Pour le dire autrement, lors de son baptême, Jésus s’est plongé dans le Jourdain et a reçu l’Esprit de Dieu en sortant de l’eau (le mot « être baptisé » signifie « être plongé »). Cette action est comparée à une mort à soimême ou à une ancienne vie qui devient, par le baptême, une renaissance à une vie nouvelle. L’eau que le baptisé reçoit sur la tête signifie ce renouveau. Pour autant, ce n’est pas un rite magique, qui aurait pour effet de transformer la personne, ni un acte pour la protéger des malheurs ou des épreuves de la vie mais une parole et des gestes qui agissent dans son existence et offre la présence de Dieu au cœur des difficultés.

Différentes conceptions 

Il est vrai que les différentes conceptions présentées par les livres bibliques sont riches et que le baptême n’aura pas tout à fait la même portée ni la même signification, suivant tel ou tel passage. Les protestants, toujours prêts à se déchirer sur un sujet théologique, ont passé beaucoup de temps et de salive en Église et écrit de nombreux livres sur la légitimité du baptême des enfants. Il est vrai qu’il n’est pas explicitement mentionné dans le Nouveau Testament. Mais lorsque, en Actes 16,15, lors du baptême de Lydie, et en Actes 16,33, pour le geôlier de Philippe, le texte parle du baptême de toute la maisonnée, y compris les enfants, cela devrait à mon sens clore le débat.

D’autant que le baptême témoigne non pas de ce qu’est et de ce que croit celui qui le reçoit, mais de ce que Dieu fait pour lui. Il n’exprime pas d’abord les engagements et les sentiments des êtres humains envers Dieu mais la volonté et les promesses de Dieu sur les êtres humains. Bien sûr, cela sera différent pour un adulte ou un enfant. L’adulte s’engage lui-même en conscience à répondre au don d’amour que Dieu lui offre. Il est responsable du cheminement qui l’a amené à demander le baptême ; cheminement qu’il continuera avec l’aide de l’Esprit de Dieu, de la Bible ainsi que de ses frères et sœurs dans la foi. Pour l’enfant, ce sont les parents qui s’engagent à cheminer avec leur enfant dans la foi. Ils reçoivent l’aide de l’Église, dans laquelle ils sont inscrits, pour lui donner les moyens de connaître l’Évangile, la Bonne Nouvelle de Jésus Christ qui offre l’amour de Dieu pour le monde. Il appartient donc aux adultes, qui l’accompagnent, de lui présenter la foi chrétienne dans toute sa force libératrice. L’enfant restera toujours entièrement libre car on ne peut forcer à croire, ni à s’engager. Un jour, il pourra décider de s’approprier ou non ce baptême reçu.

Le réformateur Calvin, mal-aimé du protestantisme français, expliquait que les sacrements, autrement dit la Cène et le Baptême, étaient des béquilles pour la foi. Ce n’est pas très enjoué ! Et il rajoutait « comme un infirme se sert de béquilles pour soutenir sa marche ». Il y aurait peut-être des comparaisons plus heureuses. Mais cela a le mérite d’être clair. Le baptême est un signe. Et l’être humain en a besoin pour matérialiser, pour accompagner sa foi par un geste. Il est bon de pouvoir dire que nous croyons que Dieu nous aime, ou aime notre enfant, tels que nous sommes, depuis toujours et pour toujours. Le baptême fait œuvre de reconnaissance et d’accueil. Il souligne ce que Dieu a fait pour moi. Il le communique aux autres. C’est un signe qui témoigne. Plus encore, lorsque le baptisé se sent en difficulté dans sa vie de foi, dans sa vie de tous les jours, le baptême rappelle la parole du Christ. Il l’atteste. En fait, ces quelques gouttes d’eaux ouvrent une démarche de foi. C’est à dire un engagement sur le chemin de la relation à Dieu. Il est toujours quelque chose de personnel, toujours possible pour tous, à tout moment et toujours une réalité vécue avec d’autres.