La réunion annuelle des évêques français débute mardi 2 novembre à Lourdes. Les suites à donner aux conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) occuperont une part importante des débats. Mais les associations et collectifs de victimes avouent leur déception. Les chiffres annoncés méritaient, selon elles, que la semaine entière soit consacrée aux abus sexuels dans l’Église catholique. Si quelques victimes ont répondu présentes à l’invitation lancée par les évêques, les associations, elles ont refusé d’assister à l’assemblée, indique BFM TV. Pour autant, les associations espèrent toujours des réponses concrètes.
De leur côté, les 120 évêques ont prévu de travailler sur le dossier de « la lutte contre les violences et les agressions sexuelles sur mineurs », pendant près de la moitié de la semaine. Celle-ci devait initialement durer six jours, mais elle a été allongée d’une journée, pour permettre un « temps et un travail de réception » du rapport Sauvé.
L’Église n’est pas à la hauteur de la souffrance des victimes
Dans l’ensemble, les associations de victimes estiment que la réponse de l’Église n’est pas à la hauteur de la souffrance des victimes. À la fin du mois d’octobre, le collectif des victimes de violences sexuelles dans l’Église de Vendée dénonçait dans un communiqué « la lenteur consternante » des évêques. « L’Église est ultra silencieuse sur tout ça et ça les arrange bien qu’on soit, nous aussi, des victimes silencieuses parce qu’on est incapables de parler », assure à la chaîne d’information en continu Emmanuel Bailhache, une victime. N’hésitant pas à parler de « déni » de l’Église, il poursuit en raconte : « Je me suis entendu dire par des évêques que ce que je racontais était faux. C’est comme si c’était un second viol que j’étais en train de vivre. »
De son côté, François Devaux, cofondateur du collectif De la parole aux actes, insiste sur le fait que « pour l’instant, aucun évêque n’a reconnu la responsabilité institutionnelle de l’Église ». En dévoilant que depuis 1950, 216 000 mineurs ont fait l’objet de violences ou d’agressions sexuelles de la part de clercs ou de religieux, le rapport Sauvé a bouleversé les fidèles. D’autant que ce nombre passe à 330 000, si l’on tient compte des agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l’Église catholique. Selon un sondage Ifop publié à la fin du mois d’octobre, les deux tiers des catholiques français ne font pas confiance à l’Église sur la protection des mineurs. Et ils sont 76% à dire que la réaction de la hiérarchie catholique n’a pas été « à la hauteur de ces révélations sur les violences sexuelles dans l’Église ».