Qu’on soit musulman, bouddhiste ou végétarien, la façon de s’alimenter correspond à des principes, des convictions, voire à une conception de la vie tout entière.

Entre une côtelette de porc, une gousse d’ail et un verre de rouge, lequel de ces aliments a le moins la cote ? Le professeur de théologie pratique, Olivier Bauer, dispense, ce semestre, un cours intitulé « alimentation et spiritualité », aux étudiants en bachelor, à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), dans le cadre de leur programme obligatoire en sciences humaines. Rencontre avec ce spécialiste des pratiques alimentaires.

Pourquoi la plupart des religions régentent-elles la manière de se nourrir ?

C’est un pouvoir que se donnent les religions que de conditionner l’alimentation. Selon le philosophe Olivier Assouly, si les religions s’occupent d’alimentation, c’est parce qu’elles peuvent ainsi incorporer, au sens fort du terme, leurs principes dans la vie quotidienne. Presque toutes les traditions religieuses, sauf peut-être le protestantisme, ont des prescriptions relativement fortes par rapport à l’alimentation. Elles obligent ainsi les fidèles à se demander trois fois par jour que manger pour être fidèle à leurs croyances, à se poser la question de ce que l’on va acheter, comment on va le préparer voire avec qui on va le manger.

Sur quoi se basent les religions ou les spiritualités pour interdire ou privilégier certains aliments ?

Sur des textes fondateurs comme le Coran, la Bible, la Torah, le Mahabharata et des sutras dans le bouddhisme. Par exemple dans le judaïsme, le Lévitique reste la référence par rapport aux animaux qui peuvent être mangés ou pas. Mais à partir de ces textes, il y a un large éventail de traditions et de principes, plus stricts ou plus libéraux. […]