Lundi 30 mai, l’avocate Helena Christidis, citée par Le Figaro, a énuméré, à la barre, les noms suivants : Iris, Hector, Mathilde, Émilie, Micha, Tamia, Kevin et tous les autres. “Des victimes par ricochets”, a-t-elle dit, de la tuerie qui, le 13 novembre 2015, causait la mort de 130 personnes à Paris et à Saint-Denis, et endeuillait la France entière et le monde. “Deux syllabes. Deux syllabes – Papa, Maman – que 69 enfants ne prononceront plus jamais”, a ajouté Me Helena Christidis. Le thème des enfants, dont les parents sont morts ou sont des victimes survivantes du massacre, a été au cœur des plaidoiries des avocats des parties civiles.

Me Helena Christidis évoque l’effacement progressif des souvenirs joyeux, du son des voix et des odeurs. La difficulté de s’épanouir quand un tel drame survient. Elle parle également de cette crainte de perdre l’autre parent, rapporte Le Figaro. “Les enfants du 13 novembre 2015 sont tous des victimes, des victimes par retardement”, a déclaré Me Léa Capiaux, citée par le quotidien. Cette dernière était l’avocate de Milan, qui avait 10 ans en 2015, et de son père. Tous deux étaient au Bataclan. Certes, ils ont survécu, mais les traumatismes sont là.

“Profond désespoir”

Il aurait dû découvrir la musique. Il a découvert la terreur. La peur de voir son père mourir. Cette soirée a bouleversé son enfance. Leur vie est bouleversée à jamais”, a-t-elle précisé, d’après Le Figaro. Une vie marquée à jamais. “Être un enfant victime du terrorisme, c’est un mois et demi sans câlin de ce père qui a peur de la mort. C’est faire des dessins de ses parents avec des visages tristes et apeurés, plein de stupeur. C’est détester les exercices attentat à l’école”, dit une autre avocate, toujours citée par Le Figaro. Et d’ajouter : “Les terroristes leur ont volé leur enfance, leur innocence”.

L’avocate de Samy, âgé de 13 ans à l’époque, est venue conclure cette première journée dédiée à l’enfance, rapporte France Inter. Sa mère est tombée sous les balles des terroristes sur la terrasse de La Belle Équipe. Me Valérie Harif explique que Samy a dû se forger “une armure pour continuer à entendre les autres prononcer le mot ‘Maman’”. Elle rapporte les propos du garçon : “Je ne serai plus jamais le même”. Et évoque le “profond désespoir” du jeune homme, qui aujourd’hui a 19 ans.