Ça y est, c’est parti pour des mois. Je le savais, je le redoutais mais là, j’ai bien compris qu’il n’y avait pas d’échappatoire. Un an avant la présidentielle de 2017, jour après jour, semaine après semaine, les mêmes questions seront posées, indéfiniment, comme un disque rayé. Sera-t-il candidat ? Qui gagnera les primaires ? Qui sortira la dernière petite phrase à la Fillon – « Je viens casser la baraque » ou à la Macron – « La gauche aujourd’hui ne me satisfait pas » ? Qui est en tête des sondages aujourd’hui, qui est en chute libre, qui va remonter la pente ?
Déjà, tout ce jeu me lasse, affreusement. Et pourtant, à l’égal de Marion Muller-Colard interviewée dans ce numéro, je n’ai pas le droit de me résoudre à cet ennui, à ce dégoût même. Je suis journaliste, citoyenne, chrétienne et, à tous ces titres, il m’est impossible, moralement, de tomber dans l’« à-quoi-bonisme » ou le rejet. C’est pourquoi, un an justement avant une échéance importante pour notre pays, nous avons choisi, à la rédaction, de regarder le champ politique. Au fil des semaines, nous interrogerons ses observateurs, ses acteurs, en se demandant ce que signifie, en 2016, être de droite, de gauche, écolo… Avec, en tête, cette question sous-jacente : est-il possible, souhaitable, imaginable, de faire de la politique autrement ? […]