«Les gens ne se rendent pas compte à quel point c’est difficile de trouver un emploi lorsqu’on porte un voile et après, ils s’étonnent qu’aucune femme voilée ne travaille», lâche Assia*, fraîchement diplômée en pharmacie de l’Université de Genève. Depuis quelques mois, la jeune musulmane de 26 ans qui porte un hijab – un foulard qui recouvre les cheveux et les épaules – cherche une place de travail dans une officine genevoise. Mais à chaque fois, elle est confrontée au rejet de sa candidature malgré ses qualifications.

La Suisse est régie par le principe de la neutralité confessionnelle de l’Etat, par conséquent les agents de la fonction publique doivent être neutres d’un point de vue confessionnel. Par contre dans le secteur privé, chaque patron décide des limites qu’il impose à ses employés concernant l’expression de leur religion. Et les pratiques sont très différentes d’un canton à l’autre. Par exemple, le groupe Migros «laisse le choix aux coopératives régionales de poser les règles et d’en définir la pratique». Si un règlement très strict concerne l’habillement des employés dans le canton de Genève, «la coopérative Migros Zurich est plus souple et permet aux collaboratrices de caisse de porter le voile», explique Lisa Krähenbühl, porte-parole  de la Fédération des coopératives Migros.

Bien qu’Assia cherche un poste dans le privé, dans le canton de Genève son voile constitue un réel obstacle. Pour la jeune femme, la situation a déjà commencé à se compliquer à l’Université, alors qu’elle cherchait une place de stage pour effectuer sa 5e année d’études en pharmacie. […]